Les mots sont importants. Si l’on peut pardonner les erreurs de jugement d’un homme politique, le choix des mots est primordial, et la batterie de conseillers qui entoure chaque ministre ne laisse théoriquement plus de place pour le hasard dans sa communication.
Après l’agression criminelle incendiaire contre deux policiers à Viry-Châtillon, le samedi 8 octobre, Bernard Cazeneuve a parlé de « sauvageons ». C’est le terme qu’avait employé Chevènement il y a 20 ans (en 1999), quand il était ministre de l’Intérieur de Jospin, avant de se faire virer sous la pression de Cohn-Bendit et des Verts. Il y a 20 ans, on ne tentait pas d’assassiner des policiers, comme aujourd’hui.
Le ministre devrait peut-être changer de vocabulaire. En même temps, tous les mots un peu impressionnants, il les a déjà utilisés, et usés, au bénéfice de la communauté juive, qui pousse des hauts cris à chaque agression soi-disant antisémite. Que reste-t-il à Cazeneuve pour qualifier des mecs accusés de tentative de meurtre ? Sauvageons. C’est sûr qu’avec sauvageons, les criminels vont se cacher dans les caves, entre l’élevage de rottweilers et les stocks de shit.
#ViryChatillon : là où #Cazeneuve parle de "sauvageons", nous voyons des tueurs de flics. Aucun euphémisme ne peut cacher sa responsabilité. pic.twitter.com/XeRpfjnkZw
— Marion Le Pen (@Marion_M_Le_Pen) 10 octobre 2016
Bon, on ne va pas accabler ce pauvre Bernard, qui est toujours en poste après 250 morts et 1 000 blessés graves, parce que, nous dit-il, pour un attentat qui passe, dix sont évités. 10% de pertes, ça fait beaucoup, quand même, monsieur le ministre des Sauvageons.
Oui mais tout le monde a le droit de dire des conneries. La connerie, c’est un droit. C’est vrai : il nous arrive tous de dire des conneries. Ce qui change, c’est la taille et la puissance de la connerie. Quand on est ministre, ça potentialise la connerie. Quand on parle sur une grande radio comme RFI, et qu’on déclare ce qui va suivre, on ne peut plus appeler ça une connerie.
Yannick Jadot est député européen, porte-parole des Verts/Ale sur TAFTA/CETA, et candidat à la primaire EELV. Personne ne le connaît, et RFI l’invite ce lundi 10 octobre au matin pour évoquer la mobilisation contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, qui a eu lieu la veille. Mais voilà que le journaliste lui pose une question sur la visite prévue de Vladimir Poutine le 19 octobre à Paris.
« Je demande depuis plusieurs jours à ce que le président de la République François Hollande annule la visite de Vladimir Poutine à Paris. Vladimir Poutine va venir pour inaugurer un centre culturel orthodoxe. Vous imaginez l’image, Vladimir Poutine, le boucher d’Alep qui euh, au fond est dans la négation de toute humanité en Syrie, venir faire une inauguration d’un centre culturel ! L’humanité et la culture c’est la même chose, c’est ce que détruit en permanence Vladimir Poutine. »
On sent que Jadot est à deux doigts de prendre la direction de la Syrie pour soutenir le front al-Nosra. Avec un tel candidat, si jamais il est élu, les Verts vont mettre 30 ans à se remettre de leur choix en politique étrangère. On notera aussi le gros paradoxe : Jadot lutte contre le TAFTA, mais il ne voit pas le rapport avec la présence de l’empire américain en Syrie. Pour le guérir de ses contradictions, le terme poli pour « conneries », il devrait feuilleter quelques ouvrages Kontre Kulture.
Patrick Liste Noire Cohen aussi. Depuis quelques mois, on sent Patrick tendu, nerveux, fébrile. Peut-être est-ce le rythme très soutenu et très énergivore de la Matinale de France Inter, peut-être est-ce la pression de l’actu, de plus en plus chaude pour lui et sa communauté, peut-être est-ce aussi sa déplorable réputation sur Internet, c’est-à-dire chez les vrais gens.
On va vous raconter la dernière « cohennerie » en date. La semaine passée, sur France 5, devant Karine Le Marchand qui a osé inviter Marine Le Pen sur M6 (le 9 octobre), Patrick se lance dans une série de moues, grimaces et autres faciès de dégoût et de mépris. On a l’habitude. Mais ça ne lui suffisait pas, alors il a récidivé ce matin, utilisant la matinale, pardon, SA matinale, pour enfoncer le clou de sa mesquine vengeance.
Il s’est moqué de l’habillage musical de l’émission intitulée Une Ambition intime, qui il est vrai rend émouvant le témoignage de la présidente du FN sur son enfance, pas vraiment de tout repos. En gros, Pat Liste Noire se moque de l’effet pleurniche dont bénéficierait Marine Le Pen. Ça alors ! C’est l’hôpital de Tel-Aviv qui se moque de la Charité chrétienne ! En matière de pleurnicherie, ce serait le pompon que le camp de Pat ait des leçons à donner !