Hafton Zarhum, 29 ans, avait fuit l’Érythrée pour Israël. Dimanche, alors qu’il venait de faire renouveler son visa, il a été pris par erreur pour un terroriste et a été tué. Un agent de sécurité de la gare routière centrale de Bee’r Sheva l’a visé dans le bas du corps pensant arrêter l’auteur (ou un complice) des coups de feu qui venaient de retentir dans la gare. Le jeune Erythréen s’est alors effondré. Il gisait dans une mare de sang, sans défense et à peine conscient ; son état n’a pas empêché des témoins de la scène de le rouer de coups, pensant qu’ils tenaient le terroriste.
Une première vidéo, tournée par les caméras de surveillance, montre des voyageurs en train de courir dans la gare, tentant apparemment d’échapper aux coups de feu. Zarhum en fait partie. Il trébuche, et se retrouve à quatre pattes, lorsqu’un agent de sécurité venant d’une autre direction lui tire dessus. Il s’effondre alors à terre. Quand un autre agent arrive, arme au poing, le jeune Érythréen met ses mains sur la tête.
Avertissement : des images contenues dans les vidéos ci-dessous peuvent choquer.
Dans plusieurs autres vidéos filmées par des témoins, on peut voir Zarhum étendu dans une mare de sang, presque immobile. Il est entouré de plusieurs personnes, dans un climat de grande confusion. Des témoins essaient de le protéger. Mais d’autres hommes le frappent : un soldat lui assène un coup de pied, un témoin lui jette des chaises, un autre lui crache dessus. On peut voir un autre soldat enlever les chaises qui avaient été lancées.
Zarhum a succombé à ses blessures à l’hôpital où il avait été transporté. L’assaillant a tué un soldat israélien âgé de 19 ans et a blessé 11 personnes avant d’être abattu à l’extérieur de la gare routière par les forces de l’ordre. Il était Arabe Israélien, et appartenait à la minorité des Bédouins. D’après les autorités, il a réussi à entrer dans la gare avec une arme, en dépit des mesures de sécurité. Il a ensuite abattu le soldat, lui a dérobé son arme de service, et a tiré sur la foule.
En deux semaines, huit Israéliens ont été tués par des attaques perpétrées par des Palestiniens – la plupart avec des couteaux – et 19 terroristes présumés ont été abattus.
Moran Mekamel, fraîchement diplômée de l’université et engagée auprès des demandeurs d’asile était à la gare de Bee’r Sheva au moment de l’attaque
"Quand je suis arrivée à la gare routière de Bee’r Sheva, j’ai rencontré des amis bédouins. On plaisantait un peu nerveusement sur les gens qui pourraient nous regarder bizarrement : une Israélienne parlant à des Bédouins, c’est très tendu en ce moment. Je les ai salués et je suis entrée dans la gare. C’est le moment où la fusillade a commencé. Je me suis réfugiée dans un magasin, et je me suis cachée avec le gérant, un couple et leur fille.
Quand je suis parvenue à sortir de la gare, j’ai jeté un coup d’œil autour de moi. J’ai vu des mares de sang. Tout le monde criait, tout le monde était sonné, les sirènes hurlaient. A l’extérieur, il y avait tellement de monde – certains cherchaient leurs proches, d’autres s’arrêtaient par curiosité.
Ce fut seulement plus tard, quand je suis rentrée à la maison, que j’ai appris pour l’homme érythréen. Les médias israéliens avaient d’abord évoqué deux terroristes ; ensuite ils ont parlé d’un terroriste et d’un complice présumé ; et plus tard dans la soirée, on a appris que cet Érythréen n’avait rien d’un terroriste. J’ai reçu de nombreux coups de fils de mes amis érythréens et soudanais. Ils m’ont tous fait part de leur inquiétude."