Image d’illustration : apprécions le style euphémistique du journal oblique Le Monde
Un simple appel téléphonique entre Washington et Moscou a suffi à bouleverser l’équilibre diplomatique mondial. L’échange d’une heure et demie entre Donald Trump et Vladimir Poutine a marqué le retour en force du dialogue russo-américain, laissant l’Europe stupéfaite et reléguée au second plan. Cette dynamique a déclenché une fébrilité inhabituelle parmi les dirigeants européens, conscients d’être écartés des décisions majeures concernant l’avenir de l’Ukraine.
Face à ce constat amer, Emmanuel Macron a tenté de réagir en rassemblant en urgence plusieurs dirigeants européens à l’Élysée. À cette réunion informelle ont pris part les chefs de gouvernement britannique, allemand, italien, espagnol, néerlandais, danois et polonais, ainsi que les responsables des institutions européennes et le secrétaire général de l’OTAN. L’objectif affiché : élaborer une riposte et tenter de regagner du poids dans les discussions internationales. Toutefois, l’absence remarquée des leaders hongrois et slovaque, alliés de Donald Trump et proches du Kremlin, illustre l’isolement progressif de l’Europe dans cette crise.
L’Italie, représentée par Giorgia Meloni, joue un jeu trouble. Présent à Paris pour ce mini-sommet, le Premier ministre italien se positionne pourtant comme un soutien de Donald Trump, illustrant une fracture croissante au sein du bloc européen. Pragmatique, elle s’est opposée à l’idée d’un déploiement de troupes européennes en Ukraine, qu’elle juge « complexe et inefficace », et a insisté sur la nécessité d’inclure les États-Unis dans toute négociation. Une prise de position qui reflète les hésitations et contradictions au sein de l’Union européenne.
Pendant que l’Europe peine à s’organiser, la Russie et les États-Unis avancent. À Riyad, les chefs de la diplomatie américaine et russe, Marco Rubio et Sergueï Lavrov, ont officialisé leur volonté de « poser les bases d’une future coopération » sur l’Ukraine. Un rapprochement qui suscite l’inquiétude à Kiev. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé des discussions menées « sur l’Ukraine, sans l’Ukraine », renforçant l’impression que les véritables décisions se prennent désormais sans les principaux concernés, ni l’Europe.
La situation met en lumière la faiblesse stratégique du Vieux Continent. Malgré ses déclarations martiales, Emmanuel Macron a dû reconnaître que la France n’enverrait pas de troupes combattantes en Ukraine, tout en laissant entendre qu’une mission limitée pourrait être envisagée en coopération avec Londres. Pendant ce temps, la France continue paradoxalement d’augmenter ses importations de gaz naturel liquéfié russe, versant des milliards d’euros à Moscou.
L’ancien champion du monde d’échecs et opposant russe Garry Kasparov, aussi bon aux échecs que nul sur la scène politique, a prévenu : seule une victoire ukrainienne mettrait fin au régime de Vladimir Poutine !
Mais cette perspective s’éloigne alors que les rapports de force évoluent sans que l’Europe ne parvienne à peser dans les négociations. Donald Trump a d’ailleurs annoncé qu’il rencontrerait Vladimir Poutine d’ici la fin du mois de février, renforçant l’impression d’un accord entre grandes puissances dans lequel l’Europe joue les spectateurs impuissants.
L’heure est à l’amertume et à la colère au sein des chancelleries européennes, qui peinent à masquer leur dépit face à leur marginalisation progressive. Si l’Europe veut peser, elle devra rapidement sortir de son attentisme et s’imposer comme un acteur incontournable de la résolution du conflit ukrainien. Mais pour cela, il lui faudra surmonter ses divisions internes et réinventer son rôle stratégique sur la scène mondiale.
Ou bien que la révolte des Nations tant attendue, portée par le vent trumpien, souffle (enfin) un air de dégagisme !