Au prix d’une élection laborieuse et « bananière », ce qui reste de l’Ukraine s’est doté du « moins pire » des candidats, Piotr Porochenko.
De par son déroulement, ce scrutin peut être considéré comme moins légitime que les référendums du Donetsk et de Lougansk. Aucun des candidats n’a pu faire campagne dans l’ensemble de l’Ukraine. Deux d’entre eux ont été attaqués et battus à plusieurs reprises. Le parti communiste a été interdit. Il était le seul à avoir osé résister, au péril de la vie de ses membres, aux intimidations des bandes armées néo-nazies, alliés encombrants mais irremplaçables de la junte oligarchique. À Odessa, les fraudes ont été flagrantes et la participation faible, malgré le bourrage d’urnes.
Piotr Porochenko n’est pas une oie blanche, il fut co-fondateur du Parti des Régions, et ministre de Ianoukovitch, de Youchenko, de Koutchma… L’ « opposant » milliardaire est la garantie pour l’Ukraine de belles décennies de corruption à venir. Il faut cependant quelqu’un avec qui discuter, et surtout, remplacer le psychopathe Tourtchinov qui, en l’espace de trois mois, a réussi à mettre le pays à feu et à sang. Le Kremlin le sait et voit dans cette élection une occasion de mettre les puissances européennes face à leurs responsabilités. Porochenko est en effet leur candidat, même s’il se trouve dans une position très fragile. Son problème ne se trouve ni en Russie, ni à Lougansk, ni dans le Donbass, mais à Washington. L’objectif du département d’État américain n’a pas changé et il consiste toujours à provoquer une intervention russe dans l’est de l’Ukraine.