Egalité et Réconciliation
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Stimulation économique = Politique de crédit ?

Cette analyse est parue dans la revue Politique n°69 daté de mars-avril 2011 et a guidé les débats du Midi d’Econosphères consacré au Plan Marshall wallon, 31 janvier 2011.

L’idée avec la CIW était de recueillir l’épargne des Wallons, de garantir le capital ainsi accumulé, de le rémunérer aux conditions en vigueur sur le marché et d’affecter les fonds collectés au développement économique durable de la Wallonie par le biais de participations dans des projets d’investissement de PME wallonnes.

Ce volontarisme financier tranche avec un autre fait moins commenté. A savoir que d’un point de vue statistique, le crédit aux entreprises en Wallonie reste un mystère. Trou noir.

Ainsi, en compulsant la centrale des bilans de la Banque nationale de Belgique, on peut apprendre, par exemple, que pour les crédits de plus de 25.000 euros au profit d’entreprises à l’étranger, les Iles Cayman, territoire d’outre-mer du Royaume-Uni dans les Caraïbes et, accessoirement, paradis fiscal, occupaient la 5e place au hit-parade des prêts consentis par le secteur bancaire belge en septembre 2010. Sur la Wallonie, motus. Dans d’autres pays, les données régionales relatives au crédit sont intégrées dans les rapports des pouvoirs publics.

Statistiques, jacobinisme et renardisme

Ainsi, la Banque de France parvient-elle à présenter des données financières territoriales désagrégées de manière à présenter les données valables pour les 22 régions administratives de la métropole créées par le grand mouvement de décentralisation de la République française au XXe siècle.

Contre toute attente, le jacobinisme se rencontrerait-il, en définitive, au nord des 620 km séparant le plat pays de l’hexagone ? Le mouvement wallon a épisodiquement réussi à faire percevoir cette fâcheuse réalité à ses contemporains.

Dernier épisode en date : le renardisme dont nous vérifierons qu’il reste plus que jamais d’actualité pour le redéploiement économique de la Wallonie. Avoirs des informations sur soi-même, c’est le début de la libération. Capital, donc.

Et pour le coup, on verra que la Wallonie est bien en peine de parler d’elle-même sur le plan financier. Ainsi, l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS) ne possède-t-il aucun chiffre relatif au crédit et à l’épargne sur le territoire wallon.

Cet état de choses nous oblige à partir de données belges pour tenter de cerner le dernier effort en date des pouvoirs publics wallons pour se doter d’un outil d’investissement à caractère public. En date du 31/12/2009, la Caisse d’investissement de Wallonie (CIW) avait réussi à recueillir 81.585.080 d’euros.

D’après les données fournies par la centrale des crédits de la Banque nationale de Belgique, le montant des crédits fournis aux entreprises s’élevait, pour le Royaume, à 270.035.000.000 d’euros en septembre 2010.

En partant de l’hypothèse que les entreprises wallonnes et flamandes ont les mêmes comportements en matière d’autofinancement et de recours à l’emprunt et en tenant compte de la contribution de la Wallonie à la formation brute de capital fixe en Belgique hors investissement public (22,3%), on peut se faire une idée approximative du montant que représente le crédit aux entreprises en Wallonie. Soit 22,3% (part de la Wallonie dans la formation brute de capital fixe) fois 270.035.000.000 (montant des crédits versés aux entreprises en Belgique), total : 60.217.805.000 euros.

L’analyse froide et détachée de ces chiffres incite à relativiser l’importance d’un dispositif tel que la CIW. Mais permet également de repérer l’importance de moyens financiers non négligeables en Wallonie.

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