Les rebelles au Soudan du Sud combattaient les forces gouvernementales jeudi dans le cadre d’une nouvelle offensive visant les champs pétroliers de la jeune nation, a indiqué l’armée alors que l’ONU sonne l’alarme sur les risques de famine.
Une coalition de combattants loyaux à l’ex-premier ministre Riek Machar (photo ci-dessus) ont repris mardi le contrôle de Bentiu, capitale de l’Etat d’Unity riche en pétrole, des Casques bleus de l’ONU faisant état de corps jonchant le bord des routes.
L’armée du Soudan du Sud a indiqué jeudi qu’il y a toujours des combats et qu’elle tentait une contre-attaque.
"Bentiu est encore entre les mains des rebelles, mais nous nous en approchons", a déclaré Philip Auger, le porte-parole de l’armée, à l’AFP.
Le conflit mettant aux prises les troupes fidèles au président Salva Kiir et les rebelles de l’ancien vice-président Riek Machar est entré dans son cinquième mois et le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a mis en garde mercredi contre un risque de famine alors que les combats connaissent une recrudescence.
Des soldats de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss), patrouillant dans Bentiu après que les rebelles aient pris la ville, ont indiqué avoir vu entre 35 et 40 corps sur le bord de la route, la majorité portant un uniforme militaire.
La Minuss condamne fermement le retour des affrontements, a indiqué la mission dans un communiqué, qualifiant les combats de sérieuses violations d’un cessez-le-feu signé en janvier mais que chaque camp accuse régulièrement l’autre de violer.
Les combats ne vont qu’aggraver une situation déjà désastreuse, ajoute le communiqué.
La chute de Bentiu, située dans une des régions les plus férocement disputées, en fait la première ville d’importance à être reprise par les rebelles de M. Machar depuis qu’une offensive gouvernementale les avait chassés au début de l’année de villes significatives. L’armée a reconnu la perte de Bentiu et dit préparer une contre-offensive.
Le conflit a éclaté le 15 décembre dans la capitale Juba, avant de rapidement s’étendre à d’autres régions du pays, en particulier les États du Haut-Nil (nord-est), d’Unité (nord) et du Jonglei (est).
Les affrontements, qui ont fait des milliers de morts et près de 900 000 déplacés, dont 12 000 ayant trouvé refuge dans la base de l’ONU à Bentiu, ont pris une dimension ethnique opposant Dinka de Salva Kiir et Nuer de Riek Machar, limogé en juillet 2013.
L’UNICEF a indiqué que plus de 3,7 millions de personnes ont un besoin urgent d’aide humanitaire, plusieurs d’entre eux étant réduits à se nourrir d’aliments de famine, et que jusqu’à 50 000 enfants allaient mourir dans les prochains mois si une action immédiate n’était pas mise en oeuvre.
L’agence des Nations Unies a aussi indiqué avoir effectué sa quatrième livraison par avion cargo de nourriture thérapeutique spécialement conçue pour les enfants en état de malnutrition.
Le pire est à venir, a déclaré Jonathan Veitch, le chef de lUNICEF au Soudan du Sud, ajoutant : Si le conflit continue et que les fermiers ratent la saison de plantation, le nombre d’enfants souffrant de malnutrition atteindra des sommets jamais vus ici.
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