Le moins qu’on puisse dire c’est que la Russie ne dévie pas d’un iota sur le dossier syrien. Après avoir douché les espérances radicales de Burhan ghalioun, président du CNS, Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, en a, qu’on nous excuse la trivialité de la formule, « remis une couche » en accusant l’opposition syrienne d’attiser la guerre civile : « Bien sûr que si l’opposition a recours à de telles méthodes, cela conduira à une véritable guerre civile » a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse tenue à Moscou aux côtés de la chef de la diplomatie de l’Union européenne, Catherine Ashton.
Les « méthodes » dénoncées par Lavrov, ce sont bien évidemment celles des bandes armées, salafistes et/ou ASL. « La violence ne vient pas que des autorités« , « De plus en plus d’armes passent en contrebande depuis des Etats étrangers » a précisé M. Lavrov, sans doute à l’intention de sa voisine. Avant de renouveler son appel à l’opposition, ou aux oppositions, à déposer les armes et à négocier avec le gouvernement syrien, par exemple au Caire.
Lavrov lecteur d’Infosyrie ?
La présence de Miss Ashton lors de ce rappel aux réalités élémentaires – et pourtant occultées en Occident – rend plus pertinentes encore les propos du patron de la diplomatie russe : l’Union européenne vient à son tour d’appeler au départ de Bachar al-Assad. Par ses allusions claires à la violence de toute une franfge de l’opposition intérieure, aux armes qu’elle reçoit, notament via le Liban, la Jordanie et la Turquie, Sergueï Lavrov montre que la Russie est parfaitement au fait des réalités de terrain syriennes et qu’elle ne peut, en conséquence, accorder le moindre crédit aux thèses euro-américaines. Il a du reste reproché, en début de semaine, aux puissances occidentales d’aggraver la situation par leurs déclarations et mesures de rétorsion.
L’autre grand opposant aux menées occidentales anti-syriennes, la Chine a une position moins affirmée : jeudi 17 novembre, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a laissé entendre que la Chine pourrait éventuellement voter « dans l’avenir » une résolution condamnant la Syrie. A condition, a-t-il quand même été précisé, qu’une telle action aide « à apaiser les tensions en Syrie et à faciliter la résolution des querelles par le dialogue politique« . Dialogue politique auquel la diplomatie chinoise exhorte une nouvelle fois les parties en présence. Donc, Pékin ne se démarque pas pour l’heure de Moscou, les deux pays étant de toute façon dans une phase de rapprochement et de collaboration dirigée de fait contre les Etats-Unis.
C’est une véritable guerre des nerfs que l’Occident plus trop chrétien et culturellement et diplomatiquement américanisé mène contre la Syrie. Mais une grande partie des armes utilisées dans cette guerre ressort au bluff, à la menace. Et, dans ce registre, l’axe euro-américain a déjà tiré pas mal de munitions. Que les alliés de la Syrie indépendante tiennent bon, et ses ennemis devront se trouver un autre « tête de Turc » – ô pardon Erdogan !.