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Scud au Hezbollah : la polémique

Les États-Unis cherchent à savoir si la Syrie a livré des missiles à ses alliés libanais.

Damas a-t-il fourni des Scud au Hezbollah, comme l’en accuse Israël ? Après s’être dit « inquiet », Washington a convoqué le plus haut diplomate syrien en poste dans la capitale fédérale, et déploré « un comportement provocateur » de Damas. Certes, l’Administration Obama n’a pas de preuves d’un transfert de missiles balistiques au « Parti de Dieu » pro-iranien, mais un haut responsable, cité par l’agence Reuters, souligne que le représentant syrien n’aurait pas été convoqué « si nous ne pensions pas que quelque chose est en cours ».

Selon le site israélien Debka, la Syrie aurait, en fait, positionné des Scud non loin de sa frontière avec le Liban, prêts à être transférés, le moment venu, au Hezbollah, le mouvement chiite aidé par Téhéran dans son combat contre l’État hébreu. D’une portée de 700 kilomètres, ces missiles pourraient atteindre les installations militaires - et nucléaires - israéliennes situées dans le sud de l’État hébreu.

Dans plusieurs messages adressés à la Syrie via des émissaires américains, Israël a averti qu’une livraison de Scud au Hezbollah conduirait Tsahal à riposter par des bombardements contre ces dépôts situés de part et d’autre de la frontière libano-syrienne. C’est la hantise des États-Unis, qui redoutent un embrasement, comme en 2006 lorsque Tsahal se lança dans 33 jours de guerre au Liban, après la capture de deux de ses soldats par la milice chiite. À quatre reprises ces derniers mois, des officiels américains ont donc relayé cet avertissement aux autorités syriennes, le dernier en date étant le sénateur John Kerry lors de sa rencontre, début avril à Damas, avec le président Bachar el-Assad.

La livraison de Scud au Hezbollah renforcerait considérablement sa capacité d’action contre l’État hébreu, mais un tel transfert est loin d’être aisé. « Un Scud ne passe pas inaperçu », observe le général Alain Pellegrini, ancien patron de la Force intérimaire des Nations unies au Liban. « C’est beaucoup plus difficile à cacher que des roquettes Katioucha, et c’est également plus difficile à actionner. » D’où les entraînements de plusieurs brigades du Hezbollah au maniement des Scud, accusent Israël.

Que rechercheraient les parrains syriens et iraniens du Hezbollah en lui fournissant ces missiles ? À lui donner les moyens de riposter, par procuration, en cas de frappes israéliennes sur les installations nucléaires iraniennes. Si des sanctions sont actuellement à l’étude au Conseil de sécurité de l’ONU à New York pour convaincre Téhéran à renoncer à son programme nucléaire, personne, en effet, ne se fait d’illusion sur leur efficacité.

Cette affaire embarrasse les États-Unis, qui se sont rapprochés de la Syrie, ces derniers mois. Washington a besoin de Damas pour stabiliser l’Irak, à cent jours du départ de 40 000 soldats américains de l’ancienne Mésopotamie.

La France, de son côté, affiche un certain scepticisme face aux accusations israéliennes. Elle s’est contentée de demander des explications aux autorités syriennes. « Quel intérêt de posséder des Scud qui seraient rapidement interceptés par la défense israélienne, une fois lancés ? », s’interroge un diplomate. Pour que ces missiles transpercent les mailles du filet, il faudrait que le Hezbollah effectue des tirs de saturation dans l’espoir qu’un des Scud parvienne à sa cible.

Damas nie vouloir approvisionner le Hezbollah en Scud. Et dénonce une campagne de propagande israélienne qui la vise tout comme elle vise le Hezbollah, mais aussi l’Administration Obama, « coupable » de s’être rapprochée de Damas. Les Syriens accusent Israël de chercher à saper les efforts américains à leur égard, au moment où les relations entre Tel-Aviv et Washington sont au plus bas, en raison du différend sur la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.