Plus que jamais, l’ombre de l’ancien président français Nicolas Sarkozy plane sur la campagne pour la présidence de l’Union pour un mouvement populaire (UMP).
« La question n’est pas de savoir si je vais revenir, mais si j’ai le choix, moralement, vis-à-vis de la France de ne pas revenir » pour la présidentielle de 2017, aurait déclaré Nicolas Sarkozy à son ex-ministre Bruno Le Maire.
« Vu l’état désastreux dans lequel la France risque de se trouver dans cinq ans, je n’aurai pas le choix en 2017 », aurait dit M. Sarkozy, selon ce que rapporte Le Canard enchaîné dans son numéro de mercredi. « Je ne peux pas me défausser moralement vis-à-vis des Français », aurait-il affirmé.
Interrogé quant à ces propos mercredi, Bruno Le Maire, candidat malheureux à la présidence de l’UMP, n’a ni confirmé ni démenti. « Quand vous avez été président pendant cinq ans, [...] vous n’allez pas tout d’un coup tourner la page », a-t-il déclaré.
L’ancien ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, proche de Nicolas Sarkozy, n’a pas nié non plus. « La politique, c’est assez simple, c’est une alchimie entre le devoir, l’envie et les circonstances », a-t-il résumé sur la chaîne RTL.
Si Nicolas Sarkozy se représentait en 2017, la situation serait tout à fait inédite : jamais un président battu ne s’est relancé dans la course à l’Élysée sous la Ve République.
Pour l’heure, seuls 32 % des Français souhaitent le voir jouer un rôle important dans les mois et les années à venir, selon un sondage à paraître dans le Figaro Magazine.
La simple hypothèse d’un retour de l’ancien président complique sérieusement la tâche de ceux qui se verraient bien lui succéder pour diriger la droite.
« On ne peut pas dire qu’on va reconstruire l’UMP et attendre tous les jours de savoir s’il revient », a observé le député-maire de Saint-Quentin, Xavier Bertrand. L’ancien ministre est le seul à avoir sauté le pas en annonçant qu’il serait candidat aux primaires de l’UMP pour la présidentielle « quelles que soient les circonstances ».
En revanche, les candidats à la présidence de l’UMP, Jean-François Copé et François Fillon, n’ont pas osé claquer la porte au nez de Nicolas Sarkozy, qui compte d’ailleurs des amis dans les deux camps. Ils savent en effet que les militants de l’UMP restent très attachés à l’ancien président.
Yves Foulon, député UMP de Gironde, a même écrit aux deux hommes une lettre, rendue publique mercredi, pour leur demander quelle serait leur attitude en cas de retour de Nicolas Sarkozy. Leur réponse « déterminera, très sûrement, la position de très nombreux adhérents de l’UMP », a-t-il averti.
Jean-François Copé jure que si Nicolas Sarkozy revenait, il s’effacerait. Quant à François Fillon, après avoir semblé prendre ses distances avec l’ancien président l’été dernier, il se réclame désormais de lui.
L’ombre de l’ancien président risque de s’avérer bien encombrante dans les mois qui viennent pour les dirigeants de l’opposition. « Quel que soit le futur président de l’UMP, il aura un seul adversaire : Nicolas Sarkozy », a résumé un député de l’UMP sous le couvert de l’anonymat.