Les jeux Olympiques d’hiver de Sotchi, qui se sont tenus du 7 au 23 février 2014 sur les bords de la mer Noire, se sont avérés être un immense succès pour la Russie.
Le choix de la cite balnéaire russe par le Comité olympique en juillet 2007 (contre Salzbourg en Autriche et Pyeongchang en Corée du Sud) était pourtant un choix à très haut risque, vu la situation précaire, sur le plan sécuritaire, du proche Caucase, mais aussi, et surtout, vu la non-préparation de la ville et de ses infrastructures pour un tel événement. Au final, la victoire de l’équipe de Russie (qui visait entre la 3ème et la 5ème place avant les Jeux) et le bon déroulement général de l’événement (et notamment l’absence d’attentats) ont contribué à faire remonter la cote de popularité du président russe, mais non à satisfaire une presse française qui, avant et durant cet évènement, a excellé dans le désormais traditionnel « Russia bashing ».
Un caprice de tsar ?
Sans surprises, le coût de la réalisation des jeux Olympiques d’hiver de Sotchi (50 milliards d’euros) s’est donc transformé en polémique, ce coût s’avérant être le plus élevé de l’histoire, devançant largement celui des Jeux de Pékin en 2008 (26 milliards d’euros) et celui de Londres en 2008 (11,5 milliards d’Euros). Ce coût, en effet exorbitant, a fait réapparaître le spectre de la corruption russe. Pour certains journaux, Sotchi a été une « leçon de corruption » et « la médaille gagnée par le Caucase ne sera pas celle du développement économique durable mais celle de la corruption ». Même son de cloche sur certains blogs engagés : « Les jeux Olympiques sont corrompus. » Plus généralement, la presse française a largement condamné ces jeux, en des termes qu’elle n’aurait probablement pas choisis pour d’autres pays. Pour Le Monde, « Vladimir Poutine ne mérite pas de podium » et les jeux Olympiques de Sotchi sont « son camp retranché ». Pour Le Nouvel Observateur, les jeux Olympiques de Sotchi sont un « caprice de tsar » et pour Marie Mendras, sur Arte, « Poutine fait ses jeux ».
Si l’on peut difficilement douter du fait qu’en Russie les grands travaux (confiées à de grosses corporations d’État) coûtent systématiquement plus chers qu’ailleurs, l’ampleur des travaux qui ont eu lieu à Sotchi et dans les montagnes voisines de Krasnaya Poliana (totalement vierges avant cet événement) explique cependant le volume d’investissement. Hormis les 14 sites olympiques gigantesques (d’une capacité de 120 000 places et que l’on peut apprécier en panorama filmé ici), les JO ont permis l’installation de 365 kilomètres de nouvelles routes, 102 ponts routiers d’une longueur totale de plus de 127 kilomètres, 54 ponts ferroviaires de 54 kilomètres, 22 tunnels, 202 kilomètres de voies ferrées, 2 gares et 6 nouvelles stations, 3 centrales thermiques, 1 centrale hydroélectrique, 19 unités de production électrique, 480 kilomètres de gazoducs, un nouvel aéroport international ainsi que 3 extensions d’aéroports existants, à quoi il faut ajouter 41 667 chambres d’hôtels, 6 bureaux de postes et de nombreuses autres infrastructures périphériques et péri-touristiques… En outre le niveau de la qualité technique de retransmission des jeux a été le plus élevé de l’histoire, via des techniques innovantes. Le tournage des Jeux a impliqué 1 600 caméras, installées entre autres sur des motoneiges, des hélicoptères, des dirigeables et même des drones militaires. Les organisateurs ont mobilisé un total de 120 000 unités d’équipement de télécommunications et 712 km de câbles optiques ont été installés…