Voici notre classique graphique de suivi, qui représente la notation des États européens par les trois grandes agences occidentales (Moody’s, Standard&Poor’s, Fitch), en retenant la note minimale des trois :
Ce graphique est pour moi un des plus importants pour comprendre la Crise, avec celui sur les taux des emprunts d’État.
Comme annoncé ici même il y a dix-huit mois, avec une régularité d’horloge, de gros problèmes se profilent pour la période fin 2012/mi-2013…
Il nous montre notre avenir : celui de dégradations rapides et brutales, jusqu’au défaut. Et contrairement à la Grèce, il n’y aura probablement rien qui pourra freiner les marchés quand la panique (logique) va finir par les saisir face à l’évidence : nous sommes surendettés et les dettes ne sont pas remboursables (qu’on choisisse Relance ou Rigueur), ceci étant la conséquence logique de quarante années de laxisme budgétaire.
Notez aussi que les prêteurs n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes – la situation de déséquilibre des États est évidente, et des siècles d’histoire montrent que ceci finit pratiquement toujours par un défaut…
On appelle ceci en jurisprudence un « soutien abusif » d’une structure en faillite – puisque tout le monde peut voir la situation financière désastreuse.
Le plus gros scandale des agences, que je dénonce ici, c’est qu’elles sont trop… laxistes ! Nous ne méritons nullement un AAA ni même un AA ! Et je ne dis ni par provocation ni par irresponsabilité : truquer l’altimètre n’est pas le meilleur moyen de sortir un avion d’une zone de turbulence…
Les gouvernements ont beau jeu de se plaindre… Car ils bénéficient d’une énorme complaisance de ces agences au vu de leurs finances publiques – nous avons vu dans ce billet l’état de notre budget. Car non, elles ne sont pas en monopole. La Chine a créé la sienne, il y a quelques mois : Dagong. Comparons alors ses notes avec celles des trois grandes agences occidentales, ainsi que de la petite mais très lucide agence américaine Egan Jones :
On voit bien l’utilité d’une analyse plus large que celle des « trois américaines »…
J’y vois pour ma part la marque d’une arrogance occidentale, qui refuse de voir son état de délabrement et son déclassement – nous ne tenons plus que par le crédit des chinois et d’autres pays en développement, quelle ironie…
Je vous recommande d’ailleurs cette étude de Patrick Artus : L’Agence de Rating chinoise (DAGONG) a-t-elle raison ? (il répond oui).
Dans ce billet suivant, je vous ai proposé en exclusivité une interview décapante du président de Dagong – elle est savoureuse…