Pas question de lier les mains de la Banque nationale suisse (BNS) en matière de politique monétaire. Par 129 voix contre 20 et 25 abstentions, le Conseil national (Ndlr : chambre basse de l’Assemblée fédérale suisse) a suivi lundi le Conseil des États et appelé au rejet de l’initiative populaire "Sauvez l’or de la Suisse" de l’UDC. Le peuple aura le dernier mot.
L’initiative demande à la BNS de stopper les ventes d’or, de ramener dans les deux ans en Suisse tout l’or stocké à l’étranger et de constituer dans un délai de cinq ans des réserves de métal jaune pour au moins 20% de ses actifs. Même l’UDC (Union démocratique du centre) était divisée face à ce concept qui a reçu le soutien du MCG (Mouvement citoyens genevois) et de la Lega (La Ligue des Tessinois).
Stabilité et indépendance
Selon ses partisans, le maintien du stock de 1050 tonnes d’or de la Banque nationale est indispensable pour garantir la stabilité du franc suisse. Cela permettrait de protéger l’épargne privée, ainsi que le niveau des salaires, des rentes et des pensions.
Pour Luzi Stamm (UDC/AG), les ventes d’or des dernières années étaient une erreur. Le métal jaune peut apporter une certaine sécurité si le marché des monnaies s’effondre.
Or à l’étranger
Et l’Argovien d’évoquer les risques pour l’indépendance de la Suisse de voir la BNS suivre les politiques menées par les autres banques centrales, américaine et européenne. Selon lui, stocker l’or en Suisse est en outre un atout, car il sera très complexe de le rapatrier en cas de crise grave.
La Banque centrale a actuellement placé 30% de son or à l’étranger. Elle possède 200 tonnes dans des coffres de la Bank of England et 100 tonnes dans ceux de la Banque du Canada.
Tous les autres arguments des initiants ont été réfutés par les députés de gauche comme de droite, et par la ministre des Finances Eveline Widmer-Schlumpf. La Banque nationale assure la stabilité des prix en mettant la quantité de monnaie adéquate à la disposition de l’économie et par une politique monétaire cohérente et transparente.
Corset dangereux
D’une manière générale, la majorité a refusé d’imposer un corset à la Banque nationale, qui pourrait finir par l’asphyxier. A gauche, certains, revenant sur l’affaire Hildebrand, ont même accusé l’UDC de vouloir le peau de la BNS.
Avec l’initiative, des mesures comme l’instauration d’un cours plancher face à l’euro pour lutter contre la cherté du franc et l’opération de sauvetage de l’UBS ne seraient plus possibles.
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