Bien sûr, changement de régime oblige, le grand mercato médiatique de la rentrée se prépare. Première victime, Robert Ménard, fondateur de l’association Reporters sans frontières. Mais est-ce une raison pour faire taire les dernières voix discordantes ?
Dans le grand orchestre médiatique, Robert Ménard faisait entendre sa petite voix à lui, parfois dissonante. Il professa longtemps des idées de “gauche” avant de finir par comprendre que tout cela était bien plus compliqué qu’on voulait bien nous le dire. C’est donc en esprit libre qu’il mit un point d’honneur à appliquer dans son métier la charte de son association, Reporters sans frontières ; à savoir, la liberté d’expression la plus totale.
Et c’est dans cet état d’esprit qu’il anime sa quotidienne, Ménard sans interdits sur i-Télévision, donnant la parole aux islamophobes des apéros “saucisson-pinard”, mais aussi, dans un louable souci d’équité, à Camel Bechick, fondateur de Fils de France.
Dans un cas comme dans l’autre, il ne laisse jamais rien transparaître de ses opinions intimes : il fait juste son boulot de journaliste, au contraire de tant d’autres journalistes. Lequel le conduit à écrire un petit pamphlet, intitulé Vive Le Pen !, dans lequel il s’insurge contre le “cordon sanitaire” édifié autour d’un mouvement politique représentant tout de même près d’un Français sur cinq depuis quelques décennies. C’en était manifestement trop pour i-Télévision qui ne lui renouvellera pas son contrat en septembre prochain.
Dans le même temps, cet infatigable bretteur qui nous fit les honneurs de sa présence, lors de la première réunion des Fils de France, dirigeait un journal, Médias. Là encore, patatras, 80 % d’annonceurs publicitaires qui viennent de le lâcher en moins de deux ans. Du coup, il met la clef sous la porte. Son crime : avoir ouvert ses colonnes à des personnalités telles que Pascale Clark, Serge July, Jamel Debbouze ou Marc-Olivier Fogiel ? Certes non, mais d’en avoir fait de même avec d’autres personnalités comme Alain de Benoist, Élisabeth Lévy ou Denis Tillinac…
À l’heure où ces lignes sont écrites, nul ne sait encore si Robert Ménard se retrouvera au chômage total si d’aventure Sud-Radio lui ôte son dernier gagne-pain…
Tout cela est à la fois triste et désolant. Surtout dans un pays qui se vante d’être la figure de proue des droits de l’homme et du droit d’expression. En attendant, que l’infortuné soit assuré de notre estime et de notre reconnaissance, et qu’il sache surtout qu’il sera à jamais chez nous comme chez lui. En effet, la liberté de parole ne se divise pas, mais s’additionne ; voire, se multiplie. Les Français de confession musulmane derniers héritiers de Voltaire ? Paradoxalement, c’est à croire…