0.3% de hausse pour le SMIC en janvier ! Le gouvernement justifie cette hausse a minima du fait du coup de pouce déjà très limité de 0.6% après les législatives. Encore un nouvel exemple des aspects bien peu progressistes des politiques suivies par le PS, après les plans d’austérité ou la réforme bancaire.
La Quatrième dimension
Quand on discute avec les représentants du Parti Socialiste en charge des questions économiques (Pierre Moscovici à Bercy ou Valérie Rabaud à l’Assemblée en débat sur France 24), il est difficile de ne pas être pris d’un vertige. En effet, ils arrivent à soutenir sérieusement que la zone euro est en voie de sortie de crise grâce au plan de croissance de juin dernier (« un pistolet à eau » selon Paul Krugman) et aux différents plans européens (3ème plan grec, supervision bancaire).
Par delà le côté totalement aventureux de dire que la zone euro est sortie de la crise, ce qui a déjà été annoncé lors des vingts sommets des trois dernières années, on est frappé par le décalage des dirigeants socialistes d’avec la réalité du pays. En effet, leur constat s’appuie sur le calme retrouvé des marchés et la progression de la bourse depuis quelques mois. Cependant, parallèlement, l’économie réelle s’enfonce dans la crise et le nombre de chômeurs bat record sur record en Europe.
Tout ceci démontre la dégénérescence de ces « socialistes » qui regardent davantage les courbes du CAC 40 que celles de Pôle Emploi. Tout ceci explique sans doute pourquoi le 1er gouvernement socialiste depuis 10 ans, après avoir donné une misérable obole de 0,6% au SMIC en juillet (trois fois moins que Chirac en 1995, il faut le rappeler), se refuse à accorder le moindre coup de pouce supplémentaire malgré des études démontrant que l’inflation est plus forte pour les classes populaires.
Europe, désendettement et compétitivité
Je vous conseille d’écouter Pierre Moscovici, qui expliquait sa politique la semaine dernière sur Europe 1. Il est effarant de voir un ministre socialiste se réjouir à ce point du faible niveau des taux d’intérêt. Le Général de Gaulle disait que « la politique de la France ne se fait pas à la corbeille », et on comprend pourquoi il aurait dit « qu’il n’aimait pas les socialistes parce qu’ils ne sont pas socialistes » quand les représentants de ce parti devenu fou font des marchés leurs nouveaux veaux d’or.
La situation est tellement ubuesque que c’est Jean-Pierre Elkkabach qui en vient à poser la question du pouvoir d’achat des retraités, ce qui montre le grand glissement du PS. Face à lui, Moscovici noie le poisson en disant que la baisse de l’inflation protège le pouvoir d’achat. Sauf que cette réplique est totalement fausse, comme le montre la hausse du SMIC. Comme le SMIC et les allocations sont indexés sur le niveau des prix, la baisse de l’inflation n’a aucun impact sur le pouvoir d’achat.
Il est également stupéfiant que l’équipe pouvoir se soit choisi comme triple priorité pour sortir notre pays de l’ornière Europe, désendettement et compétitivité. Voici un agenda qui confirme l’impasse économique dans laquelle François Hollande s’est enfermée. En raisonnant de la sorte, il est bien évident que PSA doit fermer Aulnay, qu’il ne faut pas nationaliser Florange ou que la BCE doit superviser les banques européennes, alors qu’elle a laissé faire une spéculation folle dans les années 2000.
Nicolas Domenach a raison de dire que « la gauche a le cœur à l’envers ». Comme le soutient Michéa, elle préfère aujourd’hui les clandestins aux ouvriers. Pire, comme on le voit depuis quelques semaines, le CAC 40 est plus important que Pôle Emploi. Mais il est illusoire de croire que cela peut changer.