Cinq jours après le scrutin du 7 septembre 2024, que la presse algérienne avait saluée d’un « triomphe » et d’un « raz-de-marée » pour le sortant, des chiffres peu reluisants font surface. Ils traduisent une société déchirée, une fracture totale entre le peuple et sa gouvernance.
Le 8 septembre, le taux de participation des Algériens d’Algérie se montait officiellement à 48,03 %. C’est-à-dire qu’un Algérien sur deux ne s’est pas déplacé pour voter.
Pour ce qui concerne les Algériens de l’étranger, qui seraient 3,5 millions (dont 2,6 officiellement chez nous), ce taux se situait à 57 %.
Abdel Magique Tebboune
Officieusement, et c’est la presse française qui lance le pavé, ces taux seraient respectivement de 10 % et de 4 %, soit un véritable effondrement de la confiance dans la démocratie algérienne.
Plus concrètement, la participation ne peut pas être de 48 % car le nombre de suffrages exprimés est de 5,6 millions sur un total de 24 millions de votants potentiels, ce qui donne une participation réelle de 23 %. Soit moins de la moitié de ce qui a été annoncé.
Le trucage est si énorme que les trois candidats, Tebboune et ses deux « opposants » (filtrés par le pouvoir), ont été obligés de contester les résultats. Mais des chiffres pires encore pour le système politique algérien sortent de terre.
#Algérie #Présidentielle La participation des électeurs algériens résidant en France, qui peuvent voter dans les consulats, a été encore plus basse, à 4% des inscrits... https://t.co/IOBvCGWhVF
— jean-do merchet (@jdomerchet) September 11, 2024
Autrement dit, et le scrutin et son résultat n’ont aucune valeur, sauf si Tebboune est un autocrate autoélu, ce qui n’est pas prouvé, puisque lui-même a contesté les résultats de l’élection ! Il n’y a qu’en Algérie qu’on voit ça.
Les 94 % de Tebboune seraient donc à calculer sur 10 à 20 % des votants en Algérie. En gros, l’écrasante majorité des opposants au système incarné par Tebboune ne se sont pas déplacés. Le pouvoir sort fragilisé de sa réélection.
Le Hirak de 2019-2020 est passé par là, et a miné tout le système, qui ne tient plus que sur des chiffres truqués, un nationalisme exacerbé et la coercition.