Cela fait des années que l’on songe, en Europe, à un véhicule spatial ayant la capacité de revenir sur Terre, ce qui ouvrirait la voie à plusieurs applications, dont les lanceurs réutilisables, le retour d’échantillons de l’espace et le retour de spationautes.
Ainsi, dans les années 1980, il était question de la navette spatiale Hermes ou encore du STAR-H, qui était un projet d’un système spatial à décollage et à atterrissage horizontal et dont les études préliminaires avaient été confiées à Dassault Aviation par le CNES.
Puis, avec les aléas économiques et surtout politiques, ces programme furent abandonnés. Pour autant, les études menées dans le cadre de ces projets n’ont heureusement pas été perdues et elles ont servi pour mettre au point l’avion spatial européen IXV (Intermediate eXpérimental Vehicle), réalisé sous la maîtrise d’œuvre de Thales Alenia Space et en coopération avec d’autres industriels, dont Dassault Aviation.
Lancé en 2006, le programme IXV a franchi une étape déterminante, ce 11 février, en réussissant son premier vol. Placé au sommet d’une fusée Vega, lancée depuis Kourou (Guyane), l’engin, long de 5 mètres, haut de 1,5 mètre et large de 2,2 mètres pour une masse de 2 tonnes, a atteint l’altitude de 420 km avant d’amorcer sa descente.
Mais le plus compliqué restait le retour dans l’atmosphère. « Le retour d’orbite est une des disciplines les plus difficiles à réaliser dans le domaine du spatial », a en effet souligné Giorgio Tumino, responsable du programme IXV à l’Agence spatiale européenne (ESA). En effet, l’angle de rentrée est capital car s’il est trop important, l’engin risque de brûler… Et s’il est trop faible, il n’atteindra pas la zone où il doit atterrir ou amerrir.
En outre, avec un température de 1 600 °C causée par les frottements, il est nécessaire maîtriser la technologie des tuiles thermiques. Un domaine où l’industriel Safran, qui en avait la charge, a visiblement assuré puisque le prototype a amerri sans problème dans le Pacifique grâce à un parachute multi-étages et des ballons géants destinés à le maintenir à flots.
Ce premier vol d’essai devait permettre de recueillir, grâce à pas moins de 300 capteurs, des données sur le bouclier thermique et les « structures chaudes », ainsi que sur les phénomènes aérothermodynamiques et sur le contrôle par gouvernes aérodynamiques.
Porté par l’ESA et financé par Belgique, l’Espagne, la France, l’Irlande, l’Italie, le Portugal et la Suisse, le coût du programme IXV est de 170 millions d’euros. Ce qui est modeste par rapport à l’avancée technologique majeure qu’il permet.