Malgré les cris d’orfraie de la presse occidentale, qui parle d’une même voix, celle des intérêts américains, dans lesquels on n’inclut pas le peuple américain qui a d’autres besoins que celui de faire la guerre au monde entier, le maître du Kremlin reste droit sur sa ligne de reconquête des parties russes du sud de l’Ukraine : il ne s’agit pas de détruire le pays, mais de faire prendre conscience au peuple ukrainien de la nocivité du régime de Kiev, inféodé à l’Empire. Un Empire qui vassalise ses amis et détruit ses ennemis, il n’y a pas d’alternative. Et la vassalisation, c’est le début d’une autre forme de destruction, la destruction nationale. Dans les deux cas, on perd à servir l’Amérique. Les Vietnamiens, les Coréens, les Irakiens, les Syriens, les Libyens le savent dans leur chair.
Interrogé à Astana (Kazakhstan) dans le cadre de la CICA sur d’éventuelles négociations avec Biden, Poutine a estimé qu’il n’en voyait pas l’intérêt. Les Américains poursuivent donc leur conflit par proxy, ce qui a mis Cortez, la star montante chez les démocrates, dans l’embarras :
Aoc se fait littéralement éclaté en public pic.twitter.com/4dLSeS8A3q
— sainteté_pépé (@Saintete_pepe) October 13, 2022
En attendant, les frappes massives sur les grandes villes ukrainiennes ont cessé, et les deux armées se préparent à un autre choc, au moment où la Biélorussie menace d’ouvrir un second front pro-russe, au nord.
Pour l’instant, seules quelques troupes russes sont arrivées à Minsk, mais il ne s’agit pas (encore) d’attaquer l’Ukraine, juste de sécuriser les frontières biélorusses face aux éventuels ennemis que sont la Pologne et la Lituanie, accusées de préparer des « attaques terroristes ».
Ministry of Defense of Belarus : first echelons with Russian Armed forces servicemen, part of joint grouping of troops, arrived in Belarus https://t.co/1ViKpTKK4I pic.twitter.com/J5nLAmoXPQ
— Liveuamap (@Liveuamap) October 15, 2022
Pour mettre un terme à la menace aérienne russe, l’OTAN a donné carte blanche à l’Allemagne pour développer un système de défense, au détriment de la technologie italo-française. C’est la polémique du jour dans la presse tricolore : le contentieux franco-allemand en matière d’armement, qui ne date pas d’hier car les Allemands ont rarement joué collectif dans ce domaine. L’armée franco-allemande, elle repassera.
Le bouclier antimissile échoira donc à l’Allemagne, qui a rallié, comme l’écrit Le Monde, 14 pays à son projet. Ceux qui ont parié sur la fracturation de l’Union européenne au « bénéfice » de cette guerre à l’Est peuvent déjà parier sur la fracturation de l’amitié franco-allemande.
C’est un des nouveaux impacts de la guerre en Ukraine sur l’industrie de défense européenne. À l’occasion de la réunion des ministres de la Défense de l’OTAN, à Bruxelles, jeudi 13 octobre, quatorze pays emmenés par l’Allemagne ont annoncé avoir trouvé un accord au sujet de l’acquisition commune d’un bouclier antimissile. Un bouclier composé de systèmes à la fois allemands, américains et possiblement israéliens, au grand dam de la France, fervente défenseuse de l’idée de « souveraineté européenne », et volontairement restée à l’écart de ce projet.
Négocié depuis plusieurs mois par le chancelier allemand, Olaf Scholz, ce projet, baptisé « Bouclier du ciel européen », rallie le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas, mais aussi la Norvège et la Finlande, ainsi que de nombreux pays du flanc est de l’Europe : la Bulgarie, la Roumanie, la République tchèque, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Slovaquie, la Slovénie, et même la Hongrie. Il a été formalisé, jeudi, par la transmission d’une « lettre d’intention » à l’OTAN.
C’est la version européenne du bouclier antimissile de Ronald Reagan, qui était censé, dans les années 80 dans le cadre de la guerre des étoiles, sanctuariser le territoire américain. Or, depuis la médiatisation des missiles russes hypersoniques, tout est chamboulé. Et c’est l’Europe désormais qui manifeste l’envie de se protéger des missiles venus du froid.
On retombe sur la proposition quelque peu surréaliste de Sarkozy, qui a remis la France dans l’OTAN en 2007 (en arguant qu’il s’agissait de l’ébauche d’une Europe de la défense...), et qui à l’époque avait essayé de lancer la psychose des missiles iraniens...
La désunion européenne est dans le domaine militaire actée, les Italiens et les Français iront au bout de leur projet commun ou se soumettront à l’OTAN, qui permettait auparavant de refourguer du matériel américain (déclassé) et qui permet aujourd’hui à l’Allemagne de se rembourser un peu des 100 milliards de prévus pour sa remilitarisation. On ne se refait pas !
Que les Français se rassurent : si Poutine n’a pas envie de détruire l’Ukraine, il a encore moins envie de détruire la France. À moins que notre beau pays, dirigé par notre grand chef de guerre, le généralissime Macron, ne se suicide au profit de l’Amérique...
L’installation d’un tel système prendra du temps, mais on dirait qu’Allemands et Américains tablent sur une guerre longue, longue et coûteuse pour l’Europe... Il y a du profit à la clé, et certains doivent déjà penser à la reconstruction de l’Ukraine, comme les Américains l’ont fait en Irak. Relisons ce qu’écrivait le journal Les Échos en juin 2004...
Les entreprises américaines se sont tout naturellement taillé la part du lion dans les contrats de reconstruction de l’Irak attribués par l’armée ou les autorités américaines ainsi que par l’ex-autorité provisoire irakienne. Une grande partie des fonds réservés à cette tâche est à la charge du contribuable américain, le Congrès ayant notamment décidé de débloquer 12,6 milliards de dollars cette année et 5,8 au cours des années à venir.
Un pays détruit, c’est un tout nouveau marché ! Et c’est le vainqueur qui peut relancer de A à Z son économie (la sienne et l’autre), en fermant les yeux sur 500 000 enfants morts... On espère tous que l’Europe – et la France – ne seront pas l’Irak de demain.