Un rapport remis à Bercy préconise de réduire considérablement le nombre de chèques dans les années à venir, menaçant l’existence de ce moyen de paiement apprécié des Français.
En 2010, 18% des paiements étaient encore réalisés par chèque en France. Et selon une étude de 2011, 11% des Français déclarent qu’ils seraient "très gênés" par leur disparition. C’est pourtant dans cette voie que se dirige un rapport remis cette semaine au ministère de l’Intérieur. L’ancien directeur général du Crédit agricole Georges Pauget et le président du Comité consultatif du secteur financier Emmanuel Constans préconisent, en effet, de diviser par deux le nombre de chèques émis en France d’ici 2017.
1. Les consommateurs s’en détournent peu à peu
Les Français sont de loin les Européens qui signent le plus de chèques (62% des chèques utilisés en Europe le sont en France). Malgré cela, le nombre de chèques émis en France se réduit d’année en année. Si les chèques représentent aujourd’hui 18% des paiements, cette proportion était de 50% il y a 10 ans et de 70% en 1984.
"Les consommateurs se détournent des chèques notamment au profit des cartes à débit différé qui leur permettent de ne pas voir leur argent immédiatement prélevé de leur compte. Malgré cela, la mort des chèques n’est pas pour demain, prédit Serge Maître, le président de l’Association française des usagers de banque. Dans la vie quotidienne, pour certains usages, ils sont le seul mode de paiement possible."
Certaines administrations publiques, crèches ou cantines scolaires, par exemple, n’acceptent que ce mode de paiement. Une partie des commerçants et des artisans ne sont pas équipés de terminaux de paiements par carte bleue. Cela ne va pas changer du jour au lendemain.
2. Les banques ne les trouvent pas assez rentables
Le paiement par chèque n’est pas assez rentable pour les banques, contrairement aux cartes de crédit ou aux virements qui leur rapportent de l’argent. "Depuis 25 ans déjà, les établissements bancaires tentent de promouvoir les autres moyens de paiements", rappelle Serge Maître.
Les banques affirment que chaque chèque émis leur coûte entre 50 centimes et un euro. Un chiffre contesté par la Cour des comptes qui avance le coût de 15 centimes et 40 centimes par chèque.
3. Ils ne font pas partie du système de paiement européen SEPA
Les chèques ne font pas partie du marché européen des moyens de paiement, le dispositif SEPA (pour Single Euro Payments Area) qui est en train de voir le jour dans l’Union européenne. Ce projet a pour ambition de créer une gamme de moyens de paiement commune à l’ensemble des pays européens, afin de faciliter les transactions en Europe. Il inclut uniquement les moyens de paiements dits "sans contact" ou électroniques : le virement, le prélèvement et le paiement par carte bancaire, mais exclut le chèque et le TIP, deux spécificités françaises.