En 2008, l’exploitation du pétrole et du gaz représentait un tiers des recettes de l’Etat norvégien. C’est grâce en partie à cette rente, par ailleurs bien gérée, que la Norvège a pu tirer son épingle du jeu alors que d’autres pays européens étaient en proie aux difficultés d’une succession de crises (financière, économique et de la dette).
Pays membre du Conseil Arctique, la Norvège suit avec intérêt les évolutions de cette partie du monde, qui est importante d’un point de vue stratégique dans la mesure où son sous-sol recèlerait de giganstesques réserves de pétrole et de gaz. D’où les débats entre les pays qui sont concernés au sujet de la délimitation des frontières maritimes.
En attendant, le gouvernement norvégien a récemment annoncé d’ouvrir 86 blocs offshore à l’exploration pétrolière dans l’Arctique, suite à la découverte dans le Grand Nord par le groupe norvégien Statoil de deux gisements pouvant contenir jusqu’à 600 millions de barols équivalent-pétrole (mbep).
Aussi, et comme on peut le comprendre, il est important pour Oslo de protéger ces ressources. D’où la décision du gouvernement norvégien d’augmenter significativement son effort de défense au cours des quatre prochaines années, ce qui va à contre-courant de ce qui est observé dans le reste de l’Europe, où l’heure est aux économies, quand il n’est pas question d’austérité.
Le Livre blanc norvégien sur la défense, publié le 23 mars dernier, prévoit en effet d’augmenter, lors de la période 2013-2016, ses dépenses militaires de 7% par an afin de renforcer les effectifs et de moderniser les capacités aériennes, navales et terrestres des forces armées norvégiennes en réaffectant des ressources libérées par le retrait du contingent mis à la dispostion de l’Otan en Afghanistan par Oslo.
Cela étant, une partie de ces crédits devraient être consommés par l’acquisition de 52 avions de combat F-35 du constructeur américain Lockheed-Martin. Le ministère norvégien de la Défense compte également se procurer des missiles Naval Strike, développés par Kongsberg Defence & Aerospace (KDA) ainsi que des hélicoptères NH-90 dans leur version navale.
« Le plan antérieur nous a donné une base solide sur laquelle on a bâti une force qui est finalement en équilibre. Nous pouvons maintenant apporter des changements à notre structure parce que c’est la chose intelligente à faire, et non pas parce que nous sommes obligés de le faire » a expliqué le ministre norvégien de la Défense, Espen Barth Eide.
Par ailleurs, la Norvège prévoit également prévu de moderniser sa flotte de 100 véhicules blindés de combat d’infanterie de type CV-90 (Hägglunds/Bofors/BAE Systems) afin d’augmenter leur protection et les porter au standard C4ISR (Computerized Command, Control, Communications, Intelligence, Surveillance, Reconnaissance) et d’en acquérir 46 exemplaires supplémentaires.
Ce projet, d’un coût évalué à 1,74 milliards de dollars et qui comprend une commande drones, doit commencer en 2014 et se terminer quatre ans plus tard. « Cet investissement permettra de fournir à nos unités blindées des fonctionnalités supplémentaires (…) et constitue une amélioration importante de l’équipement à la disposition de l’armée » a fait valoir le ministre norvégien de la Défense.
En outre, la Norvège va mettre sur pied une Brigade arctique de réaction rapide à partir du 2nd Bataillon de Skjold, lequel a envoyé une part importante des effectifs en Afghanistan.
Cette décision est similaire à celle prise par la Russie, en mars 2011, laquelle a consiste à déployer, d’ici 2015 et à quelques kilomètres de la frontière norvégienne, une brigade arctique constituée par les éléments de la 200e brigade d’infanterie motorisée et dotée de blindés polyvalents à chenilles.
Cela étant, la Norvège, membre de l’Otan, et la Russie entretiennent de bonnes relations. Sur le plan diplomatique, les deux pays ont signé un traité frontalier concernant l’Arctique. Mais comme l’histoire a montré que ce genre d’accord pouvait ne pas être respecté, Oslo et Moscou collaborent également dans les domaines économiques et énergétiques, via Statoil et Gazprom, notamment sur le projet russe « Shtokman » d’extration de gaz naturel en mer de Barents.
Enfin, l’entente est aussi de mise au niveau militaire. Ainsi, des manoeuvres navales russo-norvégiennes, appelées Pomor 2012, auront lieu en mai prochain dans la région Arctique.