Bientôt un an que les marchés financiers ont été calmés par la promesse d’action de Mario Draghi. Pourtant, la situation continue à se détériorer puisque le deuxième trimestre 2013 sera probablement le septième trimestre consécutif de baisse du PIB de la zone euro. Et les tensions politiques reprennent.
Au Portugal, deux ministres démissionnent
C’est un pays dont on parle peu depuis qu’il a obtenu le troisième plan « d’aide » européen, au printemps 2011. Lisbonne faisait figure de modèle pour la troïka, tenant mieux ses objectifs qu’Athènes ou Madrid. Mais on sent une fatigue de l’ajustement alors que le PIB va à nouveau reculer de 2 % en 2013, que le chômage atteint 18 % et que les jeunes Portugais ne rêvent que du Brésil, comme le rapporte Le Monde. Après des passes d’armes avec la cour constitutionnelle, qui a censuré une partie des plans d’austérité, le ministre des Finances de la coalition de centre-droit a démissionné.
Le pays a réussi à revenir sur les marchés financiers mais les taux se tendent (ils sont passés de 5.2 à 6.9 %) et la Commission appelle à « maintenir le rythme des réformes ». Le commissaire européen Oli Rehn a salué la contribution du ministre de l’Économie qui a démissionné « à l’adoption de nombreuses mesures difficiles mais nécessaires ». Mais si le pays ne parvenait pas à réduire son taux de chômage endémique et sortir de la crise, ne pourrait-il pas être tenté par une voie différente, quand on voit le très grand succès du livre d’un économiste qui propose de sortir de l’euro ?
En Grèce, la majorité ne tient qu’à un fil
En Grèce, après la grave crise consécutive à la fermeture de la télévision publique, pour essayer de tenir les objectifs de réduction du nombre de fonctionnaires de la troïka, le gouvernement ne tient plus qu’à un fil. En effet, outre les démissions périodiques de parlementaires qui retirent leur soutien aux politiques mortifères du gouvernement, c’est le troisième parti de la coalition, le DIMAR, issu d’une scission de modérés de Syriza, qui a décidé de quitter l’ailliance qu’il formait avec le PASOK et ND. Une décision somme toute logique de la part d’un parti dit de gauche devant l’agenda du gouvernement.
Du coup, le Premier ministre ne dispose plus que d’une majorité de 153 députés sur 300, ce qui le met plus que jamais en danger si une poignée de députés quittent les deux partis qui sont encore au pouvoir, comme cela était arrivé à l’automne dernier. Étant donné la vitesse de la décomposition de sa majorité en seulement un an, il est probable qu’il ne pourra pas aller jusqu’au bout de son mandat, et qu’il faudra en passer par de nouvelles élections, qui seront une nouvelle occasion pour le peuple grec de sortir du joug antidémocratique et profondément antisocial de cette malfaisante troïka.
En Italie, la majorité peine à s’entendre
À Rome, la situation n’est guère plus brillante puisque l’élection du début d’année n’a pas accouché d’une majorité solide. Les élections anticipées avaient été provoquées par la rupture entre le bloc de centre-gauche et celui de centre-droit, leur faisant dire aux qu’ils ne gouverneraient plus ensemble. Mais la percée de Beppe Grillo et le très mauvais résultat de l’alliance qui soutenait Mario Monti leur a imposé une nouvelle alliance, seul moyen de former une majorité devant le refus obstiné de Beppe Grillo de soutenir le centre-gauche mené par Enrico Letta, avec l’appoint de Mario Monti.
Ce dernier a menacé de rompre avec la majorité du fait de l’incapacité de l’équipe au pouvoir d’accélérer le rythme des réformes. Une démission de l’ancien président du conseil ne changerait pas grand-chose car son faible nombre de parlementaires ne ferait pas perdre la majorité à Enrico Letta. Cependant, cela ajouterait aux tensions dans un pays qui peine à trouver une majorité. En outre, le centre-droit pourrait être tenté de retirer lui aussi son soutien s’il sent qu’il pourrait être le bénéficiaire d’élections législatives anticipées, ce qui augure mal de cette nouvelle expérience gouvernementale en Italie.
Depuis un an, la monnaie unique européenne ne semble plus sur le point d’exploser demain, du fait de l’intervention de la BCE. Mais si les marchés ne la menacent plus, ce sont les situations politiques des pays d’Europe du Sud qui semblent aujourd’hui une menace tout aussi mortelle.