Le groupe médiatique polonais Agora, propriétaire, entre autres du journal Gazeta Wyborcza et de la station de radio Tok FM, deux médias gaucho-libertaires violemment anti-PiS, a annoncé lundi dernier dans ses communiqués boursiers le rachat par MDIF Media Holdings de 11,2 % de ses actions.
MDIF Media Holdings fait partie du fonds d’investissement Media Development Investment Fund (MDIF) alimenté, entre autres, par les Open Society Foundations et le fonds Geosor Corp de George Soros. L’information sur ce rachat a été annoncée par le site polonais d’information sur les médias Wirtualnemedia.pl et a été rapidement reprise par d’autres médias polonais.
Ainsi que nous l’indiquions le 17 avril dernier dans un article sur la diversité des médias polonais, Gazeta Wyborcza, qui appartient au groupe Agora S.A. à capital polonais, alimente en informations sur la Pologne la plupart des médias internationaux, parmi lesquels les médias français, à commencer par le journal Le Monde dont il est proche par les liens personnels et par les idées. Même un journal comme La Croix, quand il est interrogé sur ses sources, se réfère à Gazeta Wyborcza. Et quand les journalistes de France Culture préparent une émission de propagande sur la situation de l’État de droit en Pologne, c’est aussi vers les médias d’Agora qu’ils se tournent. Adam Michnik, qu’Arielle Thedrel, du Figaro, qualifie péremptoirement de « conscience morale de la Pologne », est le rédacteur en chef de Gazeta Wyborcza depuis maintenant 28 ans. Sans attendre la victoire des conservateurs du PiS, Adam Michnik, dont le journal soutenait la coalition PO-PSL précédente, comparaît en 2013 dans une interview pour l’hebdomadaire allemand Der Spiegel le Hongrois Viktor Orbán à Hitler et mettait en garde les Allemands contre un Jarosław Kaczyński (le leader du PiS) autoritaire et fascisant.
Mais le groupe Agora a aujourd’hui un double problème : avec l’arrivée au pouvoir des conservateurs à l’automne dernier, il a perdu sa position privilégié en ce qui concerne les annonces publicitaires publiques et les abonnements des administrations et, par ailleurs, son journal phare Gazeta Wyborcza perd des lecteurs d’année en année, payant ainsi son militantisme politique et son manque d’objectivité et d’honnêteté journalistique.