Djokhar Tsarnaev, un jeune musulman d’origine tchétchène de 21 ans, a été reconnu coupable mercredi des attentats de Boston, les plus graves aux États-Unis depuis le 11 Septembre, et risque la peine de mort.
Les 12 jurés ont pris 11 heures sur deux jours pour arriver à ce verdict unanime, le reconnaissant coupable de la totalité des 30 chefs d’accusation retenus contre lui, dont complot d’utilisation d’une arme de destruction massive. Dix-sept de ces chefs d’accusation sont passibles de la peine de mort.
Rappel
Les attentats de Boston (nord-est des États-Unis), avaient fait 3 morts et 264 blessés le 15 avril 2013, lorsque deux bombes artisanales avaient explosé près de la ligne d’arrivée de son célèbre marathon. Le jeune étudiant était aussi accusé d’avoir tué un policier dans sa fuite avec son frère aîné, Tamerlan, 26 ans, trois jours plus tard. La peine de Tsarnaev, qui a écouté le verdict, pâle et sans réaction apparente, debout entre deux de ses avocats, sera prononcée ultérieurement, à l’issue de la deuxième phase du procès qui devrait commencer la semaine prochaine.
Terroriser le pays
Durant la première partie du procès, qui a duré un mois, l’accusation avait présenté 92 témoins et de très nombreuses photos et vidéos parfois éprouvantes du carnage et des victimes, dont 17 ont dû être amputées. Elle avait décrit le jeune étudiant, citoyen américain depuis 2012, comme un « terroriste » qui voulait « punir l’Amérique pour ce qu’elle faisait à son peuple ». « Il voulait terroriser ce pays », avait asséné dans ses déclarations finales lundi le procureur-adjoint Aloke Chakravarty. Avec son frère, « ce jour-là, ils ont pensé qu’ils étaient soldats, qu’ils étaient moujahidines, et qu’ils transposaient leur combat à Boston », avait insisté le procureur.
Adolescent sous influence
En raison des très nombreux éléments à charge, notamment les images des caméras de surveillance, les avocats de Djokhar Tsarnaev n’avaient présenté que quatre témoins. Ils ont reconnu qu’il avait déposé dans la foule l’une des deux bombes du marathon. Mais ils l’ont décrit comme un adolescent sous l’emprise de son frère aîné radicalisé, tué trois jours après les attentats lors d’une confrontation armée avec la police. Et la défense avait affirmé que sans Tamerlan Tsarnaev, les attentats n’auraient jamais eu lieu.
Tamerlan, le cerveau
Selon la défense, c’était Tamerlan le cerveau. C’est lui qui avait tué un policier trois jours après les attentats pour lui voler son arme. C’est lui qui avait téléchargé les documents pour construire des bombes, acheté les cocottes-minute dans lesquelles elles avaient été fabriquées. C’est lui qui avait fait toutes les recherches. « Tamerlan dirigeait et Djokhar suivait », avait déclaré l’avocate de la défense Judy Clarke. Djokhar Tsarnaev n’était qu’un jeune « attiré vers la passion et les opinions de son frère aîné, alors qu’il vivait une vie d’adolescent », avait-elle dit du jeune étudiant né au Kirghizistan et arrivé aux États-Unis avec ses parents à l’âge de 8 ans. Et elle avait demandé aux jurés de garder l’esprit ouvert, pour la deuxième partie du procès, quand ils devront décider entre peine de mort et réclusion criminelle à perpétuité. Ils devront être unanimes.
Justice fédérale
L’État du Massachusetts, dont Boston est la capitale, n’a plus la peine capitale dans son arsenal juridique depuis 1984, et la majorité de ses habitants y sont opposés. Personne n’y a été exécuté depuis 1947. Mais s’agissant d’un « acte de terrorisme avec utilisation d’une arme de destruction massive », Djokhar Tsarnaev relève de la justice fédérale. Les condamnations à mort fédérales sont rares aux États-Unis : 61 condamnés fédéraux se trouvent dans le couloir de la mort, contre quelque 3.000 relevant de la justice de leur État, selon le Centre d’Information sur la peine de mort. Les exécutions fédérales le sont encore plus : quatre seulement depuis 1963, dont la dernière date de 2003.