Trois députés européens et anciens ministres – un Roumain, un Slovène et un Autrichien – se sont dit prêts à "vendre leurs services", pour des sommes allant jusqu’à 100 000 euros, à des journalistes du journal britannique The Sunday Times. Le journal britannique estime que cette affaire est "l’un des plus gros scandales" qu’ait connu le Parlement européen en 53 ans d’existence.
Les reporters du journal dominical se sont présentés comme lobbyistes. Ils ont proposé à plusieurs députés de les payer 100 000 euros par an en échange d’amendements qu’ils pourraient faire adopter. Deux des amendements, concernant la protection des consommateurs de l’Union européenne, "apparaissent dans les documents officiels de l’UE et sont sur le point de devenir des lois", explique le journal britannique, précisant que le texte est identique à celui qu’ils ont soumis aux parlementaires en tant que faux lobbyistes.
"SERVICES DE CONSEIL"
Adrian Severin, ancien vice-premier ministre roumain, a envoyé un courriel aux faux lobbyistes, disant : "Juste pour faire savoir que l’amendement que vous souhaitiez a été déposé à temps". Peu après, il a envoyé une facture de 12 000 euros pour "services de conseil".
Zoran Thaler, ancien ministre slovène des affaires étrangères, a lui aussi présenté un amendement, demandant par la suite que l’argent lui soit versé sur le compte d’une société basée à Londres. "Il n’est pas question que je dévoile ça", a-t-il dit.
Un troisième député, l’ancien ministre autrichien de l’intérieur, Ernst Strasser, a déclaré aux journalistes : "Je suis un lobbyiste", avant de présenter un projet d’amendement auprès de deux de ses collègues siégeant à une commission responsable de la législation concernée. Un compromis a été obtenu en faveur des lobbyistes, a ensuite assuré M. Strasser aux journalistes. Le député a demandé qu’un premier versement de 25 000 euros soit effectué sur le compte d’une société qu’il détient en Autriche.
Après que le Sunday Times a dévoilé la véritable identité des faux lobbyistes, M. Severin a assuré n’avoir "rien fait d’illégal". MM. Strasser et Thaler ont assuré qu’ils savaient dès le début qu’il s’agissait de reporters et qu’ils voulaient simplement savoir jusqu’où cela irait. Interrogé par le Sunday Times, la vice-présidente du Parlement européen, Diana Wallis, a promis une enquête "en profondeur" a-t-elle dit.