Philippe Corcuff a encore « frappé ». Auteur en décembre 2013 et février 2014 d’une tribune et d’une conférence (brillamment analysée par E&R Rhône-Alpes) dans lesquelles il rangeait Alain Soral dans la catégorie des « néoconservateurs », il récidive cette fois avec un texte cosigné par Haoues Seniguer, un de ses collègues de l’IEP de Lyon, et intitulé « Quand les disciples d’Alain Soral nauséabondent à Lyon ».
Pas de surprise : du titre à la fin de l’article, tous les poncifs et le vocabulaire du gauchisme qui tourne en rond sont réunis. Soral serait « xénophobe », « sexiste », « homophobe », « néocolonialiste », « antisémite » et produirait une analyse évidemment « nauséabonde »...
L’objectif de Corcuff est d’appliquer sa grille de lecture « antifa ». Quitte à tordre la réalité pour y parvenir. Pour retomber sur ses pieds idéologiques et donner l’impression d’être « de gauche », le sociologue d’État a besoin en effet d’affubler ses ennemis de l’étiquette « néoconservateurs » et de montrer que leur grille de lecture est de type « choc des civilisations » à la sauce Bush. Mais le problème avec Alain Soral, c’est qu’il est exactement l’inverse, tant dans les discours que dans les actes. La solution est donc toute simple, et mille fois appliquée déjà par les adversaires médiatico-politiques de Soral : il faut lui trouver une arrière-pensée malfaisante.
L’objectif est donc de faire dire à des propos l’inverse de ce qu’ils disent vraiment et d’affirmer que cet inverse est la vérité enfin révélée. Dans l’extrait suivant, qui suffira à comprendre la logique manipulatrice des deux auteurs, Corcuff et Seniguer entendent dévoiler le projet caché d’Alain Soral à l’égard des musulmans :
« Par exemple, les proclamations islamophiles et arabophiles de Soral apparaissent contredites par des relents arabophobes et néocolonialistes moins visibles, voire par un mépris de classe et un paternalisme qu’il n’a de cesse de reprocher à ses adversaires politiques. Dans sa vidéo de mai 2008, “Pourquoi la communauté Arabo-musulmane n’arrive pas à s’imposer ?” :
“Les maghrébins ne savent pas demander gentiment (…) La communauté [maghrébine/musulmane, ndla] est la plus mal vue de France, la plus méprisée de France, la plus humiliée de France (…) Ils [les Maghrébins/musulmans, ndla] sont toujours les plus mal lotis parce qu’ils n’ont toujours pas accédé au pouvoir politique, parce qu’ils n’ont aucun pouvoir économique (…) Les maghrébins sont dans un échec total : ils n’ont jamais atteint l’autonomie (…) ils continuent à mendier le travail et à mendier le respect, c’est-à-dire qu’ils sont totalement dans l’indigénat”.
Autrement dit, “l’Arabo-musulman”, aux yeux de Soral, demeure dans l’ordre des moyens et n’accède pas au rang de fin, c’est-à-dire ne devient pas, dans une logique kantienne, un sujet de droit d’égale dignité. En somme, le chef d’Égalité et Réconciliation n’est ni l’ami des déclassés sociaux, ni un combattant de l’islamophobie, il porte plutôt un projet du choc des identités et des civilisations, dont les fameux “musulmans patriotes” ne sont qu’un instrument. »
Dans cet extrait, où il est question non pas d’une vidéo de 2008 (?) mais de la première partie de l’entretien d’avril 2012, les coupes sont soigneusement effectuées et le contexte dissimulé pour faire dire à Soral, en gros, que la communauté musulmane, c’est de la merde et qu’en tant que telle, il peut la manipuler tranquillement. Ce serait, pour les auteurs, le fond de sa pensée « néocoloniale » et « paternaliste », habilement mis en lumière par le travail indispensable des « sociologues ». Or, il suffit de regarder la vidéo en question en entier pour s’apercevoir qu’elle a pour objectif de mettre en garde les musulmans de France vis-à-vis de ceux qui se prétendent leurs représentants et qui participent en réalité de leur inexistence politique. Le constat (la communauté musulmane est très mal représentée, par exemple par des types comme Chaambi, qui passe son temps à quémander des droits), basé sur une distinction pertinente entre les musulmans et leurs soi-disant « représentants », sert donc à expliquer la domination politique dont est victime cette communauté, domination elle-même décrite sur le mode du constat et dont Soral espère que les musulmans se sortiront un jour. Une belle manipulation donc de la part de Corcuff et de son acolyte.
Le reste de l’article est du même acabit. On y trouve, par exemple, la phrase suivante :
« [...] le polémiste accuse “les juifs” en général, par leur cosmopolitisme et “suprématisme” supposé intrinsèque, d’alimenter l’anti-France, de faire systématiquement le jeu de l’État d’Israël »
Une assertion entièrement fausse, puisque Soral ne cesse de distinguer (comme pour les musulmans) les juifs « du quotidien » de leurs « représentants », et n’attaque que la vision du monde de ces derniers. Une analyse sans doute trop complexe pour Corcuff et Seniguer.
Rappelons que Philippe Corcuff a toute sa vie été un salarié de l’État, ce qui lui a permis, pendant son temps libre, de faire la tournée d’à peu près tout ce que le « gauche » compte de chapelles. Wikipédia indique :
« Jeunes Socialistes (1976), Parti socialiste (1977-1992), Mouvement des citoyens (1993-1994), Les Verts (1994-1997), LCR (1999-2009), puis NPA (depuis son congrès de fondation en février 2009 jusqu’en février 2013), et enfin, un tournant libertaire, avec son adhésion en 2013, à la Fédération anarchiste. Il est syndiqué au syndicat SUD Éducation depuis 1996. »
La laideur morale de sa prose mensongère permet tout de même de mettre en lumière un phénomène sur lequel seraient bienvenus de se pencher tous les Corcuff, Salingue et autres « sociologues » d’opérette : plus personne n’est dupe de leurs manipulations. Les commentaires laissés par les internautes sur le site de Rue89 parleront d’eux-mêmes.