Le groupe PSA va fermer l’usine historique d’Aulnay, dans la banlieue nord de Paris. Pour le syndicat CGT, la « guerre » est « déclarée ».
PSA Peugeot Citroën a annoncé jeudi l’arrêt de la production dans son usine d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) en 2014 et la suppression de 8000 emplois en France, après avoir enregistré une perte nette au premier semestre. Le groupe emploie 100 000 collaborateurs dans l’Hexagone, la moitié de ses effectifs totaux.
La décision provoque de très vives réactions, Bernard Thibault (CGT) parlant de « séisme » et la droite de « côte d’alerte dépassée ». La veille, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, avait dit redouter « un choc pour la nation ».
La production de la citadine Citroën C3, actuellement partagée entre Aulnay et Poissy (Yvelines), sera regroupée à Poissy. PSA prévoit de proposer des postes à 1500 salariés en interne et à 1500 salariés dans le bassin d’emploi d’Aulnay « grâce aux actions de reclassement externe ».
Le président du directoire de PSA Peugeot Citroën a rejeté jeudi l’idée d’un prêt ou d’une entrée de l’Etat au capital du constructeur automobile. « Nous avons une sécurité financière importante, ce qui fait que ce sujet n’est pas à l’ordre du jour », a déclaré Philippe Varin.
Sites également touchés en région
Le site de Rennes (Bretagne) est aussi touché par ce plan de restructuration. Il « conduirait à un redéploiement des effectifs de 1400 emplois sur un total de 5600 salariés », selon le communiqué. « Ce coup de massue pour le site de Rennes est malheureusement l’aboutissement de choix de stratégie industrielle défavorable à ce site en terme d’affectation de véhicules. Il s’agit du 4e plan de réduction en 5 ans », a souligné un responsable syndical.
« Les salariés rennais se sont sacrifiés, en faisant d’énormes efforts par le compactage de l’usine (ndlr : une réorganisation pour gagner en productivité) en 2009 et 2010 pour être compétitif et le résultat, au bout de 2 ans, c’est circuler il n’y a plus rien à voir. »
L’usine Sevelnord d’Hordain (Nord), bientôt filiale à 100% de PSA Peugeot Citroën, sera après l’annonce de la fermeture du site d’Aulnay (Seine-Saint-Denis) en 2014 « la suivante sur la liste », a affirmé jeudi un représentant de la CGT, citant un document dévoilé en juin 2011, dans lequel PSA évoquait la « fermeture d’Aulnay, de Sevelnord et de Madrid ».
L’usine d’Hordain emploie 2.800 salariés et fabrique les monospaces Peugeot 807, Citroën C8, ainsi que les véhicules utilitaires Peugeot Expert, Citroën Jumpy et Fiat Scudo. Les engagements pour Fiat représentent actuellement 20 à 25% de la production à Sevelnord.
Le groupe, très affecté par la baisse des marchés automobiles européens, va également tailler dans ses effectifs hors production, « ce qui devrait conduire à la diminution de 3600 emplois répartis sur l’ensemble des sites en France ». Un plan de sauvegarde de l’emploi est prévu pour Aulnay et plus largement un plan de départs volontaires.
Un groupe en pleine lutte
Les représentants syndicaux doivent être informés de l’ensemble de ces mesures lors d’un comité central d’entreprise (CCE) extraordinaire qui se tient jeudi matin à son siège à Paris. « Je mesure pleinement la gravité des annonces faites aujourd’hui ainsi que le choc et l’émotion qu’elles provoquent dans l’entreprise et dans son environnement », explique le président du directoire de PSA, Philippe Varin, cité dans le communiqué.
Mais « l’ampleur et le caractère durable de la crise qui affecte notre activité en Europe rendent désormais indispensable ce projet de réorganisation qui nous permet de dimensionner notre capacité de production à l’évolution prévisible des marchés », argumente-t-il. Le constructeur, qui a déjà vu son bénéfice net divisé par deux en 2011, a enregistré une perte nette au premier semestre 2012, dont l’ampleur n’est pas précisée. Sa division automobile a connu une perte opérationnelle courante de l’ordre de 700 millions d’euros au premier semestre. Il table à présent sur un recul du marché européen de 8% cette année, contre 5% auparavant, et de 10% en ce qui le concerne. Avec ces mesures, il espère revenir à « l’équilibre du cash-flow opérationnel à fin 2014 » et renforce ses mesures d’économies déjà mises en place.
Déclaration de « guerre » pour la CGT
Le syndicat CGT de PSA a estimé que la « guerre [était] déclarée » après l’annonce de la fermeture de l’usine d’assemblage d’Aulnay. Sur France Inter, Bernard Thibault a évoqué « un séisme ». « Dès lors que Peugeot annonce la suppression de 8 à 10 000 emplois, il faut multiplier par trois, voire quatre, pour mesurer l’impact en termes d’emploi pour l’ensemble du pays », a indiqué M. Thibault, assurant que la CGT allait « réagir ». De son côté, la CFTC condamne des décisions « dramatiques ». « Nous sommes convaincus que la stratégie de montée en gamme va amplifier les pertes d’emplois en France », a ajouté le syndicat.