Au cours de son histoire, le sionisme a toujours eu une grande capacité de dissimulation. Son arme favorite est le double langage. Dès son origine, il a su tromper une partie non négligeable de l’opinion, surtout en Europe, par un langage « humaniste », « socialiste », « pacifiste ».
Cette tâche est habituellement confiée à ceux que l’on appelle « sionistes de gauche » ou « Juifs pour la Paix ». Généralement intellectuels (universitaires, journalistes, écrivains, etc.), ils gravitent autour et au-dedans des partis de gauche (PS, PC, Verts, NPA) avec une double mission :
Donner une image acceptable du sionisme et d’Israël, en propageant l’illusion d’un sionisme « humaniste », « ouvert au dialogue ». Condamner les « excès » d’Israël sans, bien-sûr, jamais remettre en cause le principe idéologique de cette entité et les conditions de la colonisation de la Palestine (spoliations de terres, expulsions massives de populations palestiniennes, massacres de civils, etc.).
Monter la garde dans les médias et l’Université, en faisant la chasse aux vrais antisionistes. La méthode la plus courante consistant à les accuser « d’antisémitisme », ce qui vaut, dans la France actuelle, mise au placard en attendant le procès.
Cette catégorie de sionistes, toujours présente, est surtout mise à contribution quand Israël et son lobby le plus connu (CRIF et partis politiques inconditionnels du sionisme comme l’UMPS) sont en difficulté face à l’opinion française. Quand l’image d’Israël est trop dégradée – à tel point que des parlementaires « amis d’Israël » se disent « déboussolés » (cf. notre article « L’indéfendable sionisme ») – alors apparaît la race des seigneurs, professionnels de la pétition et invités permanents des colloques. Tel est le sens d’un « Appel à la raison » paru dans Le Monde et Libération du 28 avril et qui sera présenté à Bruxelles, le 3 mai prochain, lors d’une « importante réunion du Parlement Européen ».
Que nous disent leurs auteurs ?
« Quels que soient nos itinéraires, le lien à l’état d’Israël fait partie de notre identité. L’avenir et la sécurité de cet état auquel nous sommes indéfectiblement attachés nous préoccupe ». Le cadre est posé, crûment : bien qu’ils soient Français, l’état sioniste fait partie de leur identité ! Et selon eux, cet état est « à nouveau, en danger », à cause de la politique d’occupation et de colonisation (qu’ils nomment « poursuite ininterrompue des implantations en Cisjordanie et dans les quartiers arabes de Jérusalem Est »). Pourquoi cette politique met-elle Israël en danger ? Parce qu’elle « alimente un processus de délégitimation inacceptable d’Israël en tant qu’état ».
Résumons : pour ces sionistes, il n’y a pas de colonisation mais un processus ininterrompu d’implantations en Cisjordanie, et cette colonisation, brutale, cynique… en un mot trop voyante, délégitime Israël, ce qui est « inacceptable » à leurs yeux.
D’où cet « Appel à la raison » (et non à la Justice), autour du principe de « deux peuples, deux états ». Car, selon eux, « il y a urgence » sinon Israël sera confronté à une alternative désastreuse : « soit devenir un état où les Juifs seraient minoritaires dans leur propre pays », soit (nous résumons) un régime de guerre civile permanente. L’aveu est de taille ! Pour ces sionistes, la création d’un état palestinien a surtout pour but, d’empêcher les « Juifs » de devenir minoritaires dans « leur pays ». Cet état palestinien, s’il voit le jour, sera quelque chose qui se situe entre les réserves pour Indiens aux USA et les Bantoustans pour Noirs dans l’Afrique du Sud du temps de l’Apartheid. Mais selon nos pétitionnaires, ils pourraient avoir une autre utilité : empêcher les « Juifs » de devenir minoritaires en Israël. Prépare t’on l’opinion à une expulsion massive de Palestiniens d’Israël vers ce pseudo-état palestinien ? Va-t-on vers un Israël ethniquement homogène ? Y aura-t-il une nouvelle Naqba pour les Palestiniens ? L’état palestinien sera-t-il un immense camp de réfugiés ? Toutes ces questions se posent quand on connaît l’hypocrisie des « sionistes pour la Paix ». Et l’Appel se conclut par un appel à la solidarité de la Diaspora afin d’œuvrer à la survie d’Israël...
Pour rendre crédible l’opération, les sionistes « pour la paix » ont besoin de leurs frères jumeaux, les sionistes dits de droite. Ceux-ci n’ont pas tardé à réagir par un contre-appel, accusant les premiers d’affaiblir Israël. Ce contre-appel est signé, entre autres, par des islamophobes notoires et des Identitaires (extrême droite anti musulmane). Ainsi, la symétrie est parfaite, la boucle est bouclée et la communauté juive de France n’a plus qu’à se laisser enfermer dans ce faux débat. C’est la même méthode utilisée en politique : nous enfermer dans un bipartisme dont le lobby sioniste a fourni et continue à tenir la clef.
Nous nous sommes attardés sur ces « intellectuels juifs pour la Paix » car leur rôle va au-delà de cette pétition. Ils font le lien entre le lobby sioniste, l’Université et certains de ces partis politiques (PCF, Verts) qui se disent amis du peuple palestinien et qui votent, à l’unanimité, au Conseil Municipal de Paris pour qu’une esplanade soit maculée du nom de Ben Gourion.
Enfin, cette agitation qui règne au sein du lobby sioniste est de bon augure. Elle signifie que la peur et la démoralisation gagnent, chaque jour, du terrain. D’où la nécessité de ressortir les « sionistes pour la Paix » et autres charlatans.
Il devient de plus en plus difficile de défendre le sionisme en France !
Pour notre part, nous allons tout faire pour que cela continue !