Une enquête interne menée au sein d’une filiale de la SNCF, Itiremia, a mis en évidence des pratiques susceptibles de relever de la discrimination raciale et confessionnelle lors d’une visite à Paris du président israélien Shimon Peres, indique un rapport diligenté par le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de l’entreprise.
Dans ce rapport dont l’AFP a obtenu copie, le CHSCT indique avoir mandaté un cabinet d’avocats pour intenter une action en justice à l’encontre d’Itirémia, filiale à 100 % de la SNCF, qui avait à l’époque démenti les faits rapportés par le syndicat Sud. Pour la CFDT Cheminots qui a décidé de se porter partie civile dans cette affaire, cette action en justice vise non pas « à stigmatiser une religion » mais à « dénoncer l’absence d’éthique ».
Ces pratiques discriminatoires avaient été dénoncées par Sud lors de l’arrivée, le 8 mars, du président israélien et de sa délégation à la Gare du Nord à Paris, en provenance de Bruxelles.
Selon Sud, le responsable du bagagiste Itirémia avait exclu les salariés « noirs et arabes » de la prestation afin d’éviter que le chef de l’État israélien ne soit accueilli par du personnel musulman.
« Au vu des éléments recueillis lors de l’enquête (...), nous pouvons dire qu’il y a de forts faisceaux d’indices nous laissant croire qu’il y a eu une discrimination d’ordre raciale et confessionnelle appliquée par la Direction », indique le rapport du CHSCT. « Nous constatons que contrairement aux déclarations de la Direction ces pratiques ne sont pas isolées et qu’elles sont devenues courantes », ajoute le rapport. Il affirme « douter de la seule implication du management de proximité », estimant qu’une « part de responsabilité du client SNCF doit être mise en cause ».
« Il est regrettable de voir l’amalgame que la direction a pu avoir concernant les agents de confession musulmane en les assimilant à des terroristes potentiels et donc dangereux pour la société », ajoute le rapport.
Le CHST annonce avoir décidé de « prendre toutes les mesures nécessaires pour faire valoir le droit et défendre les intérêts des agents ».
En outre, selon le rapport, « cette enquête a permis de faire émerger d’autres cas de faits graves, par exemple lorsque l’entreprise répond favorablement à un tour opérateur qui souhaite que les bagages soient pris en charge par des salariés d’Itirémia de confession juive » uniquement.