Palestine : nettoyage ethnique et génocide prémédités
Un article de Youssef Hindi en exclusivité pour le site E&R !
Sommaire
- L’épuration ethnique de 1948, planifiée dans les années 1930
- Le génocide dans les textes fondateurs
- Le projet de la classe dirigeante israélienne : du discours aux actes
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Le 7 octobre 2023 a offert à l’État d’Israël le prétexte pour poursuivre le nettoyage ethnique de la Palestine démarré en décembre 1947. La programmation de ce nettoyage ethnique de la Palestine en général et de Gaza en particulier est documenté. Le génocide à Gaza a également des fondements idéologiques revendiqués par les dirigeants israéliens.
Or, les commentateurs et les juristes se limitent aux dires et aux actes depuis octobre 2023. Pourtant, l’intention et les déclarations génocidaires des dirigeants israéliens sont continues depuis plus d’une décennie.
L’épuration ethnique de 1948, planifiée dans les années 1930
La planification systématique de l’épuration ethnique a été suggérée par Ben-Zion Luria, un historien de l’université hébraïque qui travaillait à l’époque au service pédagogique de l’Agence juive. Il souligna l’utilité d’avoir un registre détaillé de tous les villages arabes, et proposa que la réalisation de cet inventaire fût confiée au Fonds national juif (FNJ), organisme fondé en 1901 et qui fut l’outil principal de la colonisation sioniste. « Cela aiderait beaucoup au rachat de la terre », a-t-il écrit au FNJ [1]. Les résultats de ces efforts, tant topographiques qu’orientalistes, ont été les dossiers détaillés que les experts sionistes ont progressivement constitués sur chaque village de Palestine. À la fin des années 1930, ces archives étaient presque complètes.
Après avoir cartographié la Palestine rurale en préparation d’une future conquête, le mouvement sioniste a développé une idée beaucoup plus nette de la meilleure façon de procéder pour bâtir un État après la Seconde Guerre mondiale. Les Britanniques avaient déjà détruit la direction et les moyens de défense des Palestiniens quand ils avaient réprimé la révolte de 1936 ; cela laissait aux sionistes le temps et la latitude nécessaires pour préparer leurs initiatives suivantes.
En février 1947, la politique du Foyer national juif consistait à conquérir le territoire sous prétexte de représailles contre les attaques des milices palestiniennes. La version finale du projet de nettoyage ethnique de la Palestine au profit d’un futur État d’Israël exclusivement juif est établi en mars 1948, quand la politique sioniste entreprit le nettoyage ethnique à l’échelle de toute la Palestine.
Dans une maison de Tel-Aviv, le 10 mars 1948, onze hommes, vieux dirigeants sionistes et jeunes officiers juifs, ont mis la dernière main à un plan de nettoyage ethnique de la Palestine. Le soir même, « des ordres ont été envoyés aux unités sur le terrain pour préparer l’expulsion systématique des Palestiniens de vastes régions du pays. Ces ordres s’accompagnaient d’une description détaillée des méthodes à employer pour évacuer les habitants de force : intimidation massive, siège et pilonnage des villages et des quartiers, incendie des maisons, des biens, des marchandises, expulsion, démolition et pose de mines dans les décombres pour empêcher les expulsés de revenir. Chaque unité a reçu sa propre liste de villages et de quartiers cibles, dans le cadre du plan global » [2].
L’objectif de la Haganah (organisation paramilitaire sioniste) était la destruction de la Palestine rurale et urbaine. C’est ce que rapporte Simha Flapan, l’un des premiers historiens à avoir saisi l’importance de ce projet appelé « plan D » (en hébreu Daleth).
« La campagne militaire contre les Arabes, dont la "conquête et destruction des zones rurales", était exposée en détail dans le plan Daleth de la Haganah. » [3]
L’application du plan prit six mois. Dans ce laps de temps, entre 750 000 et 800 000 Palestiniens ont été chassés de chez eux : 531 villages détruits, 11 quartiers vidés de leurs habitants [4].
Plusieurs mois avant le départ du mandataire britannique (mai 1948), les forces juives sionistes avaient déjà expulsé par la violence près de 250 000 Palestiniens [5].
« L’objectif premier était le nettoyage ethnique de l’ensemble de la Palestine, que le mouvement convoitait pour son nouvel État. Quelques semaines après le début de ce nettoyage, les États arabes voisins ont envoyé une petite armée – petite par rapport à leur puissance militaire globale – pour essayer, en vain, de l’empêcher. La guerre avec les armées régulières arabes n’a pas interrompu les opérations de nettoyage ethnique, qui se sont achevées avec succès à l’automne 1948. » [6]
Le génocide dans les textes fondateurs
Dans le Deutéronome (cinquième livre de la Torah, au chapitre 32, versets 3 à 5), Yahvé promet et ordonne la chose suivante à Josué par la bouche de Moïse :
« Yahvé, ton Dieu, marche lui-même devant toi ; c’est lui qui anéantira ces peuples devant toi pour que tu les dépossèdes. Josué sera ton guide, comme Yahvé l’a déclaré. Et le Seigneur les traitera comme il a traité Sihôn et Og, roi des Amorréens, et leur pays, qu’il a condamné à la ruine. Il mettra ces peuples à votre merci ; et vous procéderez à leur égard, en tout, selon l’ordre que je vous ai donné . » (Deutéronome 32:3-5)
L’anéantissement et la dépossession des peuples habitant la Terre promise ; voilà l’ordre qui est donné aux enfants d’Israël dans la Torah avant qu’ils n’entrent en Terre sainte. Ces ordres génocidaires de la Bible hébraïque ont des conséquences concrètes car, nous le verrons, les dirigeants israéliens s’en inspirent pour justifier l’extermination des Palestiniens.
Dans le livre de Josué (dans la Bible hébraïque), le récit de la conquête a été mythifié par les grands prêtres et scribes qui ont rédigé/falsifié la Bible, et qui ne nous livrent pas tant la réalité historique que leur vision de Dieu et leurs rapports aux goyim, les non-juifs [7].
Au chapitre 6 du Livre de Josué il est fait le récit de la conquête de la première cité telle que le Deutéronome l’ordonne. C’est un génocide pur et simple. Un massacre sans pitié des hommes, des femmes, des enfants et même des animaux :
« Et l’on appliqua l’anathème à tout ce qui était dans la ville ; hommes et femmes, enfants et vieillards, jusqu’aux bœufs, aux brebis et aux ânes, tout périt par l’épée. » (Josué 6:21)
Évidemment, il est très peu probable, du point de vue historique, que les choses se soient déroulées ainsi, mais ce qui nous intéresse c’est ce que la Bible hébraïque enseigne aux juifs, les valeurs qu’elle transmet et l’influence qu’elle a eu sur l’application du projet sioniste, du début des années 1920 à nos jours.
« La ville sera anathème [herem, c’est-à-dire maudite] au nom du Seigneur, elle et tout ce qu’elle renferme. » (Josué 6 :17)
« Ils brûlèrent la ville et tout ce qui s’y trouvait. » (Josué 6:24)
- Gaza en flamme, bombardée par l’armée israélienne
Une fois ce massacre et cette destruction accomplis, Josué reçut un ordre concernant la deuxième cité prise pour cible :
« Tu traiteras Aï et son roi comme tu as traité Jéricho et son roi. » (Josué 8:2)
La bataille se termina par le massacre de tous les combattants de la cité, y compris les fuyards :
« Et les gens d’Aï furent enveloppés par Israël de toutes parts. Israël les battit, sans leur laisser un survivant ni un fuyard. » (Josué 8:22)
Puis, un deuxième génocide est commis dans la foulée :
« Lorsque Israël eut achevé de tuer tous les habitants d’Aï dans la campagne, dans le désert, où ils l’avaient poursuivi, et que tous furent entièrement passés au fil de l’épée, tout Israël revint vers Aï et passa tout au fil de l’épée.
Il y eut au total douze mille personnes tuées ce jour-là, hommes et femmes, toute la population d’Aï.
Josué ne retira point sa main qu’il tenait étendue avec le javelot, jusqu’à ce qu’on eût exterminé tous les habitants d’Aï. » (Josué 8:24-26)
Et toutes les autres cités de la Terre promise subirent le même sort (excepté les quelques-unes qui se soumirent). D’après le livre de Josué :
« Josué battit tout le pays, la montagne, le midi, la plaine et les coteaux, et il en battit tous les rois ; il ne laissa échapper personne, et il extermina tout ce qui respirait, comme l’avait ordonné Yahvé, le Dieu d’Israël. » (Josué,10:40)
Moïse Maïmonide (1135-1204), qui est une des plus importantes autorités religieuses de l’histoire juive, écrivait que, le jour venu, il faudrait « exterminer tous les habitants de la Terre promise » ; le commandement « Ne laisser survivre aucun Cananéen », dit-il, est « valable en tout temps » [8].
Et c’est ce commandement qui fut appliqué durant le massacre des villageois de Dar Yasin en 1948. Année où furent expulsés plus de 750 000 Palestiniens, ne laissant que 15 % d’entre eux sur leur terre [9].
L’intellectuel israélien, Israel Shahak (1933-2001), qui a lu la loi juive dans le texte, rapporte que selon la loi « le juif qui tue délibérément un gentil n’est coupable que d’un péché contre les lois du Ciel, non punissable par un tribunal (cf. Maïmonide [10]). Quant à la cause indirecte de la mort d’un gentil, ce n’est pas un péché du tout ».
Ces deux dernières règles s’appliquent même si la victime est ger toshav, c’est-à-dire un « étranger résident » qui s’est engagé, devant trois témoins juifs, à observer les « sept préceptes noachiques » (les commandements donnés à Noé qui, selon le Talmud, concernent les non-juifs) [11].
Ces lois ont évidemment une influence sur la politique de l’État hébreu. Si le code pénal israélien ne fait aucune distinction entre juif et non-juif, les rabbins orthodoxes la font, et s’inspirent de la Halakhah (loi juive) pour conseiller leurs fidèles, et notamment ceux qui servent dans l’armée. L’interdiction de tuer un non-juif délibérément ne s’applique qu’aux « non-juifs avec qui nous [juifs] ne sommes pas en guerre » ; de nombreux commentateurs rabbiniques du passé sont donc arrivés à la conclusion qu’en temps de guerre, tous les non-juifs appartenant à une population ennemie peuvent, ou même doivent être tués. Un des principaux commentateurs du Shulhan Arukh, Rabbi Shabbatay Kohen (milieu du XVIIe siècle), explique :
« Mais en temps de guerre la coutume était de les tuer de sa propre main, car il est dit : Le meilleur des goyim (gentils) – tuez-le ! » [12]
Depuis 1973, cette doctrine est propagée publiquement à l’intention des militaires israéliens religieux. La première de ces exhortations officielles apparaît dans une brochure éditée par le commandement Région centre de l’armée israélienne, dont le domaine d’action comprend la Cisjordanie. Dans le petit livre, le grand-rabbin du corps d’armée écrit :
« Quand au cours d’une guerre, ou lors d’une poursuite armée ou d’un raid, nos forces se trouvent devant des civils dont on ne peut être sûr qu’ils ne nous nuiront pas, ces civils, selon la Halakhah, peuvent et même doivent être tués… En aucun cas l’on ne peut faire confiance à un Arabe, même s’il a l’air civilisé… En guerre, lorsque nos troupes engagent un assaut final, il leur est permis et ordonné par la Halakhah de tuer même des civils bons, c’est-à-dire les civils qui se présentent comme tels. » [13]
Le 27 décembre 2008 commence l’opération Plomb durci, le bombardement israélien contre Gaza qui dure jusqu’au 18 janvier 2009. C’est Ehoud Olmert qui est Premier ministre à l’époque, et ce encore pour trois mois, jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Benyamin Nethanyahou le 31 mars 2009.
Lorsque, le 3 janvier 2009, l’armée israélienne mène une vaste incursion terrestre à proximité des principaux centres urbains à Gaza, les correspondants militaires découvrent avec surprise l’intervention de rabbins aumôniers militaires et aussi de volontaires appartenant à la secte orthodoxe Habad, auprès des unité combattantes. Ils aident des soldats à « réciter la prière en mettant les tefillin (phylactères), et leur offrent des tsitsit, les franges tressées, accrochées à un châle de prière… C’est la nouvelle politique du rabbinat commandé par le général-rabbin Avichaï Rontzki. Selon ses ordres, à l’armée, les rabbins ne se contentent plus de surveiller la cacherout et veiller à l’observance du Shabbat mais deviennent de véritables guides spirituels destinés à encourager les militaires au combat » [14].
Rontzki rejette l’éthique séculière de Tsahal, et, en novembre 2008, au cours d’une cérémonie dans la yeshiva (école religieuse) de Karnei Shomron, il avait déclaré :
« En temps de guerre, celui qui ne se bat pas avec tout son cœur et toute son âme, qui évite de tremper son épée dans le sang, qui montre de la pitié envers son ennemi, alors qu’il ne faut montrer aucune pitié, est damné ! » [15]
Les brochures distribuées aux militaires sont du même tonneau. Le rabbin Shlomo Aviner est cité rappelant l’interdit du grand-rabbin Avraham Isaac Kook (premier grand-rabbin ashkénaze de la Palestine mandataire) : « La Torah interdit de rendre le moindre pouce de la terre d’Israël à des goyim. »
Il compare « les Arabes d’Eretz Israël aux Philistins qui, eux aussi, n’étaient pas natifs de cette terre, laquelle appartient au peuple juif » [16].
Le général Gabi Askhenazi, le chef d’état-major, a félicité Avichaï Rontzki pour son rôle dans l’opération Plomb durci, mais a donné l’ordre de contrôler plus strictement les publications du rabbinat militaire, sans pour autant les interdire [17].
Durant l’opération Plomb durci, l’armée israélienne a tué 1 390 Palestiniens, dont 344 mineurs. Du côté israélien, il y a eu treize tués (dont quatre militaire tués par des tirs amis), dont trois civils.
Entre décembre 2024 et janvier 2025, le journal israélien Haaretz [18] a consacré deux enquêtes et un éditorial au général « messianique » de brigade Yehuda Vach qui commande la 252e division de l’armée israélienne révélant les actes commis sur ses ordres par ses soldats dans la zone de Gaza, incluant les villes de Beit Hanoun et de Jabaliya, ainsi que les camps de réfugiés palestiniens adjacents.
« L’ensemble s’apparente à une leçon sur le traitement réservé aux "animaux humains" que sont les Palestiniens. L’essentiel se passe le long d’une "ligne imaginaire" imposée par l’armée sur le corridor de Netzarim. Son tracé n’est nulle part indiqué. Aucun Palestinien n’en a été informé. Mais tout homme, femme, enfant qui la franchit doit être abattu sans sommation. Ordres du général Vach. "Il n’y a pas de civils. Chacun est un terroriste", a-t-il dit à ses hommes. La quasi-totalité des officiers et des soldats se soumettent à ses ordres – hormis quelques rares qui, écœurés et épouvantés, ont fini par vendre la mèche, bien après que cette tragédie a commencé, cinq mois plus tôt… Après que le porte-parole de l’armée a annoncé que "plus de 200 terroristes [ont été] abattus" dans cette zone, l’officier d’un des bataillons dira à Haaretz : "Parmi les victimes, seules dix étaient connues comme appartenant au Hamas". Cette approche, indique le journaliste Yaniv Kubovich, "ne se limite pas à la division 252". Il cite un réserviste de la division 90 qui raconte avoir été témoin d’un événement qui l’a révulsé : non armés, un père et ses deux enfants traversent la "ligne interdite" inconnue. Ils sont abattus par une roquette tirée d’un hélicoptère de combat. "Ils ne pouvaient rien nous faire. On est dans le mal absolu", s’indigne-t- il. Les témoignages similaires abondent. Lorsque le commandant en second d’un bataillon conteste les tirs sur des Palestiniens brandissant un drapeau blanc, son supérieur rétorque : "Je ne sais pas ce qu’est un drapeau blanc. On tire pour tuer." » [19]
Sylvain Cypel écrit ainsi, dans un article de Orient XXI du 10 février 2025 :
« Derrière les crimes contre l’humanité commis par l’armée israélienne à Gaza se profile l’influence grandissante des nationalistes fondamentalistes au sein de l’institution militaire, entre autres. Une ascension qui ne se dément pas depuis trente ans. » [20]
Le journaliste raconte que lors d’un récent séjour en Israël, « un rabbin m’a expliqué que l’attaque du Hamas le 7 Octobre était "un miracle divin". Dieu nous montre la voie. L’heure est venue de respecter ses désirs : s’emparer de toute la "Terre d’Israël". Dès lors, si cette terre "nous appartient" exclusivement, et que les Palestiniens sont une résurrection d’Amalek, l’ennemi éternel des Juifs, pourquoi tergiverser ? Ce discours paraît simpliste, mais si le conflit est inexorable et insoluble parce qu’existentiel, autant y mettre fin radicalement, et au plus tôt » [21].
Le projet de la classe dirigeante israélienne : du discours aux actes
À titre d’exemple représentatif du lien étroit existant entre le judaïsme, le sionisme, et l’État d’Israël, nous citerons le fameux Ovadia Yossef (1920-2013), grand-rabbin d’Israël qui fut le fondateur et le guide spirituel du Shass, troisième plus important parti en Israël. Ovadia Yossef, décédé en 2013, était considéré comme une sommité morale, religieuse et intellectuelle, et son influence politique était incontestable, au point que le journaliste franco-israélien Marius Schattner écrivait à son sujet : « Il s’est imposé comme faiseur de rois de la quasi-totalité des gouvernements israéliens depuis trente ans. » [22]
Après la mort de Ovadia Yossef, le Premier ministre Benyamin Netanyahou lui a rendu un vibrant hommage en le qualifiant de « géant de la Torah » et « guide pour une multitude ». Peu de temps avant sa mort, le rabbin reçut la visite du président israélien Shimon Peres. Il était aussi important pour les dirigeants que pour le peuple israélien qui était au nombre de 700 000 à son enterrement, ce qui représente près d’un dixième de la population juive israélienne.
Le discours et la vision politique de celui qui fut jusqu’à sa mort récente la plus haute autorité religieuse d’Israël, se situent dans la droite ligne de la loi juive. Conformément aux promesses d’extermination des peuples voisins des hébreux énoncés dans les textes fondateurs du judaïsme, le Rabbi Ovadia a déclaré au sujet des Palestiniens :
« Puissent-ils disparaître de la Terre. Puisse Dieu envoyer un fléau aux Palestiniens, ces enfants d’Ismaël, ces vils ennemis d’Israël. » [23]
En 2001, Yossef Ovadia, dans un sermon, a appelé à l’extermination pure et simple des Arabes :
« Il est interdit d’avoir pitié d’eux. Vous devez envoyer des missiles et les annihiler. Ils sont mauvais et détestables », et d’ajouter : « Le Seigneur retournera les actions des Arabes contre eux-mêmes, épuisera leur semence et les exterminera, les dévastera et les bannira de ce monde. » [24]
Ayelet Shaked, qui a été ministre de la Justice et ministre de l’Intérieur, appela, lorsqu’elle était membre de la Knesset (Parlement israélien), durant le bombardement de Gaza en juillet 2014, à « tuer toutes les mères palestiniennes » [25]. Un jour avant que l’adolescent palestinien Muhammad Abu Khudair ne soit enlevé et brûlé vif par six jeunes juifs israéliens, « Mme Shaked a publié sur Facebook un appel au génocide des Palestiniens. Ces messages ont été considérés comme un appel au génocide parce qu’ils déclarent que "le peuple palestinien tout entier est l’ennemi" et justifient sa destruction, "y compris ses personnes âgées et ses femmes, ses villes et ses villages, ses biens et ses infrastructures" ; elle a également appelé à l’abattage des mères palestiniennes qui donnent naissance à de "petits serpents" » [26].
Une proposition génocidaire faisant écho aux propos de Ovadia Yossef qui parlait « d’épuiser la semence des Arabes ».
Selon la loi juive, comme l’explique Ovadia Yossef, si les non-juifs méritent de vivre, ce n’est que pour servir Israël :
« Les Goyim [non-juifs] sont nés seulement pour nous servir. Sans cela, ils n’ont pas leur place dans le monde – seulement à servir le Peuple d’Israël. »
Ne s’arrêtant pas là, le rabbin poursuit en expliquant pourquoi les non-juifs jouissent d’une significative longévité :
« Ils ont besoin de mourir, mais Dieu leur donne la longévité. Pourquoi ? Imaginez qu’un âne appartenant à un juif meurt, le juif perdrait son argent. Ils ont une longue durée de vie pour bien travailler pour nous. »
Le Rabbi Ovadia précise encore sa pensée, lorsqu’il avoue très ingénument :
« Pourquoi les goyim sont-ils nécessaires ? Ils vont travailler, ils cultivent, ils récoltent… C’est pourquoi les goyim ont été créés. » [27]
En juillet 2014, le vice-président de la Knesset, Moshe Feiglin, propose un plan d’épuration ethnique à Gaza [28] :
« Un avertissement du Premier ministre israélien à la population ennemie, dans lequel il annonce qu’Israël est sur le point d’attaquer des cibles militaires dans leur région et demande à ceux qui ne sont pas impliqués et ne souhaitent pas être blessés de partir immédiatement. Le Sinaï n’est pas loin de Gaza et ils peuvent partir. »
« Attaquer l’ensemble de la "bande cible" de Gaza avec la force maximale des forces de défense israéliennes (et non une infime partie de celle-ci) et avec tous les moyens conventionnels à leur disposition. Toutes les cibles militaires et infrastructures seront attaquées sans tenir compte des "boucliers humains" ou des "dommages environnementaux". »
« Un siège total est imposé à Gaza. Rien ne peut entrer dans la zone. Israël autorisera toutefois la sortie de Gaza. (Les civils peuvent se rendre dans le Sinaï). »
« Une fois que les forces de défense israéliennes auront achevé de "ramollir" les cibles grâce à leur puissance de feu, elles conquerront toute la bande de Gaza. »
« Gaza est un fragment de notre terre et nous y resterons jusqu’à la fin des temps… Elle deviendra partie intégrante de l’État d’Israël et sera peuplée par les Juifs. »
L’attaque du 7 Octobre a été le prétexte pour mettre en œuvre ce plan d’épuration ethnique par des méthodes génocidaires.
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Galant, a déclaré le 9 octobre 2023 :
« Nous imposons un siège total contre la ville de Gaza. Il n’y a pas d’électricité, pas de nourriture, pas d’eau, pas de carburant. Tout est fermé. Nous combattons les animaux humains et nous agissons en conséquence. » [29]
Le 25 octobre 2023, le Premier ministre Benyamin Netanyahu, a tenu des propos dans la même veine, avec une teneur théologico-raciale et eschatologique :
« Nous sommes le peuple de la lumière, eux sont le peuple des ténèbres… Nous réaliserons la prophétie d’Isaïe. » [30]
Les conséquences, sur le terrain, de cette idéologie qui fusionne messianisme juif et sionisme révisionniste, nous le voyons aujourd’hui à Gaza, est la mise en œuvre d’un génocide.
Israël est poursuivi devant la Cour internationale de justice (CIJ) pour crime de génocide. Dans une ordonnance rendue en janvier 2024, la CIJ a enjoint Tel-Aviv de mettre fin aux actes à caractère génocidaire et de prendre des mesures pour garantir l’acheminement de l’aide humanitaire à la population civile de la bande de Gaza. Mais Israël en fait fi et poursuit le génocide.