Onze Etats ont annoncé le 4 avril qu’ils ne reconnaîtraient pas la légitimité de la présidentielle en Syrie prévue pour juin, écrit mardi le quotidien Izvestia.
Dans un communiqué conjoint, les pays qui soutiennent l’opposition syrienne ont rappelé au président Bachar al-Assad l’initiative de créer un "gouvernement de transition" durant la sortie du pays de la crise, avancée aux négociations de paix Genève-2 en janvier.
Dans un communiqué préparé par le département d’État américain, les principaux opposants au régime d’Assad ont qualifié l’élection de "parodie de démocratie", qui entraînera un morcellement du pays. Cette déclaration a été signée par les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Qatar, l’Arabie saoudite, l’Egypte, la Jordanie, la Turquie et les Emirats. Le département d’Etat américain a également rappelé que l’Onu considérait Assad comme un criminel responsable de milliers de victimes pendant la guerre civile.
"La reconnaissance de l’illégitimité de la présidentielle avant même son déroulement prouve uniquement la faiblesse des opposants au régime et la solidité des positions d’Assad", a déclaré Alexandre Zotov, ex-ambassadeur de Russie en Syrie.
D’après l’expert, le principal objectif du pouvoir central consiste aujourd’hui à établir un contrôle dans les grandes villes où se trouve le gros de l’électorat. En dépit des succès de l’armée en matière d’éradication des islamistes, l’opposition islamique radicale cherche à empêcher l’organisation de la présidentielle dans certaines grandes villes.
En février 2012, le parlement syrien a adopté une nouvelle Constitution autorisant de proposer des candidats alternatifs. Le candidat doit avoir séjourné en Syrie depuis au moins dix ans, ne pas avoir de citoyenneté étrangère, ce qui rend impossible la participation à la campagne présidentielle des leaders de l’opposition radicale qui ont vécu pendant de longues années à l’étranger.
"L’opposition plus modérée en Syrie avancera très probablement ses candidatures. Tous les partis d’opposition nationaux ne sont pas orientés contre le régime, par conséquent ils pourraient jouer le rôle d’adversaires techniques pour montrer que le peuple a le choix", estime Alexandre Zotov.
Mais l’opposition n’est pas de cet avis. Mahmoud al-Hamza du Conseil national syrien de l’opposition rejoint la position de l’Occident sur l’impossibilité d’organiser la présidentielle en 2014. Selon lui, la campagne présidentielle est un nouveau spectacle d’Assad qui coûtera la vie à des millions de Syriens.
"Près de 10 millions de personnes, soit la moitié de la population, sont considérées comme réfugiés, dont une partie a quitté le pays. Un quart se trouvent sous le contrôle de groupuscules armés. Comment peut-on organiser une présidentielle dans un pays où règne l’insécurité, dans le délabrement total et en pleine guerre civile ?", s’interroge Mahmoud al-Hamza.
D’après ses informations, dans les régions où vivent les alaouites, les principaux partisans d’Assad, plus de la moitié d’entre eux sont opposés à lui. Ils reprochent au président la mort de leurs proches et amis.
L’élection présidentielle en Syrie est prévue pour juin. En conformité avec la législation électorale syrienne, un candidat à la présidentielle doit être soutenu par au moins 35 des 250 députés du parlement. La nouvelle Constitution limite l’exercice de la fonction présidentielle à deux mandats de sept ans. Si Bachar al-Assad remportait l’élection de 2014, il aurait la possibilité de diriger le pays jusqu’en 2028.
Le conflit entre le gouvernement et l’opposition se poursuit en Syrie depuis mars 2011. Selon l’Onu, plus de 130 000 personnes ont été tuées au cours de cette période.
Voir aussi, sur E&R : Bachar al-Assad sera réelu président