En 2017, 70% de la bande passante du Net mondial seront occupés par la vidéo. Le Net devient un média paresseux. Regarder dans son fauteuil une vidéo animalière, par exemple Onfray vs BHL, est évidemment plaisant : on y voit un petit prédateur, le Onfray, saccager le territoire d’un très gros prédateur qui ne partage jamais : le Lévy.
Cependant, si la lecture vidéo est une chose, la lecture textuelle en est une autre. Nous savons tous que pour engrammer une information, rien ne remplace la lecture active. La lecture passive, celle de la vidéo, laisse peu ou pas de traces dans les circuits synaptiques.
Voilà pourquoi nous vous avons dérushé la colère folle de Michel Onfray sur BFM TV, le 3 septembre 2015. Il y est question de BHL, évidemment, de la crise des réfugiés, et surtout, de la responsabilité lévytique.
Lisez ou relisez donc ce qui suit. Les images s’envolent, les mots restent.
Extrait.
Bernard-Henri Lévy :
Y a des photos dans l’histoire des 30-40 dernières années qui ont eu cette vertu paradoxale comme ça d’un seul coup de réveiller les opinions. Il peut arriver qu’une image lorsqu’elle fait ainsi le tour du monde, ait cette vertu d’éveiller les consciences, de casser la mécanique froide des chiffres, de donner un visage à ce qui n’était jusque-là que des statistiques. C’est difficile de dire ça parce qu’un enfant qui meurt il meurt d’abord pour rien, il meurt de manière atroce mais, elle peut avoir cette, cette, cette petite vertu là. Je le crois, oui, c’est possible.
Retour plateau.
La présentatrice Nathalie Levy, la voix pleine de déférence :
Pour une fois vous êtes d’accord.
Michel Onfray :
Il a pas honte ? Il ferait mieux de rester caché. Vous savez je vais citer Audiard, les cons ça ose tout c’est d’ailleurs à ça qu’on les reconnaît, parce que franchement avec ce qu’il advient aujourd’hui, il ferait mieux de rester chez lui.
Nathalie :
Y a définitivement rien qui peut vous mettre d’accord ?
Michel :
Enfin si sûrement peut-être des choses mais pas ça, je veux dire voilà quelqu’un qui a invité à bombarder la Libye, qui a invité à tuer des Libyens sous prétexte qu’en tuant des Libyens on rendrait possible la démocratie. On a détruit un État qui valait ce qu’il valait mais avec lequel on pouvait discuter, on pouvait discuter avec l’interlocuteur qu’était Kadhafi ; là on ne peut plus rien faire avec la Libye, c’est une base extraordinaire pour le terrorisme aujourd’hui, responsable de rien coupable de rien Bernard-Henri Lévy ? Il s’en vient nous expliquer qu’il faudrait ceci qu’il faudrait cela, on a vu d’ailleurs des photos de lui récemment où il donne des conseils aux gens qui combattent etc., donc y a juste un moment donné où il faut un peu de pudeur, tous ces gens qui ont rendu possible cet enfant mort, et Bernard-Henri Lévy en fait partie.
Nathalie, bras croisés, suspicieuse :
Il est complice ?
Michel :
Évidemment il est complice, comme d’autres sont complices, les présidents de la République d’hier et d’aujourd’hui, qui défendent exactement la même ligne et qui disent aujourd’hui ah la la c’est effrayant cette photographie, c’est effrayant mais ce sont des criminels ces gens-là, leur politique est criminelle, on devrait commencer par arrêter cette politique. Un chef d’État qui voudrait être chef d’État dignement en France aujourd’hui pourrait dire on arrête cette politique internationale et on aura une autre plutôt indépendante, on n’a plus les moyens de faire le gendarme un peu partout sur la planète… »
Laurent Neumann, l’éditorialiste maison, et accessoirement défenseur de BHL en plateau :
Si je comprends bien, ceux qui aujourd’hui proposent une intervention au sol pour aller éradiquer Daech ceux-là ils se trompent à nouveau ?
Michel :
Il faut arrêter d’aller bombarder des gens qui ne nous ont rien fait !
Laurent :
Mais là il ne s’agit pas de bombarder il s’agit d’aller au sol justement.
Michel :
Qu’est-ce qu’on a à faire là-bas ?
Laurent :
Mais ce qui se passe là-bas nous concerne directement.
Michel :
Mais c’est parce qu’on y va que ça nous concerne ! Et c’est pas parce que ça nous concerne qu’on y va, c’est ça le problème ! Pourquoi est-ce qu’on va pas à cuba, pourquoi est-ce qu’on va pas en Corée, pourquoi est-ce qu’on va pas en Chine ? y a plein d’endroits où y a des problèmes qu’on pourrait aller résoudre en disant Nous la France, Nous la République etc. on y va pas parce qu’effectivement il y a des bombes atomiques et puis parce que ça se ferait pas aussi simplement que ça. Nous y allons sous prétexte qu’il y a des problèmes, mais parce que nous y allons il y a des problèmes ! Personne qui se trouve aujourd’hui dans la zone de Daech n’avait y a 20 ans envie de venir poser des bombes en France !
Nathalie, changeant brutalement de sujet :
On va parler économie très concrètement avec Emmanuel Lechypre.