Le libéralisme, parce qu’il est un « isme », est un excès. En décrétant que la liberté n’était dans les faits que celle du renard dans le poulailler, les libéraux, malgré l’auréole faussement élogieuse dont ils se sont nantis, se montrent sous leur véritable jour dès que l’occasion sonnante et trébuchante s’offre à leurs mains avides sans que le coeur qui fait se mouvoir les autres ne vienne contrebalancer leurs envieuses convoitises.
Ainsi donc, Alain Minc vient dans le cadre d’une émission de la radio France info de décréter que les dépenses de santé des « très vieux » étaient insoutenables pour l’équilibre des comptes de la sécurité sociale. Alain Minc est l’archétype du pseudo penseur dont on ne peut affirmer s’il est de droite ou de gauche. C’est la raison pour laquelle, on peut déjà postuler qu’il fait partie intégrante des intellectuels du Système au même titre que les Bernard Henri Levy ou André Glucksmann dont la préoccupation à l’aide d’interventions médiatiques, où l’on cause toujours de tout et de rien sans ne disposer d’aucune spécialité, est de se rapprocher toujours plus de la cour des grands, surtout lorsque ces derniers incarnent le pouvoir.
Jusqu’à devenir le conseiller du Prince.
Economiste tempéré, c’est à dire très libéral, Alain Minc semble avoir oublié, à moins qu’il n’en ait pas eu connaissance, que le problème du quatrième âge, période de la vie où bien évidemment les soins sont plus intensifs que lors de la prime jeunesse, s’est également posé dans la Roumanie communiste de Ceaucescu dans laquelle on a répondu de la même façon que lui : à savoir que les très vieux étant ce qu’ils sont, les soins intensifs c’est à dire non triviaux ne valent tout simplement plus la peine au motif que de toute manière, les très vieux n’en ont plus pour très longtemps.
Bien évidemment, homme de standing, Alain Minc ne s’attaque nullement aux nantis qui pourront, compte tenu de leur état, se payer les soins dont ils ont besoin. En revanche, on peut légitimement se poser la question quant à la capacité de survie des plus humbles, qui eux ne bénéficient pas des fonds nécessaires, et qui autrefois, c’est à dire avant Minc et les siens, de gauche comme de droite, pouvaient espérer le soutien de la communauté nationale.
La proposition d’Alain Minc se base sur des chiffres, des colonnes comptables comme le font tous les libéraux qu’ils soient estampillés à gauche ou à droite. C’est ainsi que l’on réduit le nombre d’enseignants par classe au motif que compte tenu de sa superficie, quarante élèves peuvent y être logés. C’est ainsi que dans les crèches où l’attention portée à l’enfant est décisive pour son avenir, les emplois ne sont pas pourvus. C’est ainsi que les éducateurs spécialisés ainsi que tous les emplois de service font défaut au motif qu’ils sont catégorisés dans le secteur dit improductif.
Bien évidemment, tout ceci est à replacer dans le cadre de la réforme des retraites où la capitalisation reste le rêve des libéraux. Ceci est d’autant plus absurde que c’est ainsi que fonctionne le système de santé américain (évidemment) qui trouve le moyen d’être à la fois plus onéreux et moins efficace que le nôtre. Mais que ne ferait-on pas au nom de l’idéologie ?