Dix jours avant la conférence internationale sur l’Afghanistan, prévue à Londres le 28 janvier prochain, les états-majors subalternes des États-Unis ont en main un rapport alarmant de l’OTAN qui démontre que Barack Obama s’engage de plus en plus dans cette guerre lointaine et multiplie les bombardements, puis les opérations clandestines, bien au-delà des frontières du seul Afghanistan.
« Bush est dépassé par son successeur », remarque un diplomate français, cité dans la dernière édition de l’hebdomadaire Le Canard enchaîné. « Cette évolution de la stratégie, on peut l’approuver ou la critiquer… Mais force est de constater que nous sommes impliqués dans ces opérations, sans y participer et sans avoir et consultés. »
Un document récent de l’OTAN, qui a été escamoté par les médias, donne raison à ce diplomate. Les analystes de « l’Alliance » se sont notamment intéressés aux « engins explosifs improvisés », utilisés par la résistance afghane. En 2009, ils en ont recensé 6′440, soit 17 ou 18 attentats quotidiens, et « quatre-vingt fois plus » qu’en 2003. Quant au décompte des militaires alliés tués en Afghanistan, il a augmenté de 400% en deux ans, et le nombre de blessés de 700%. Pas de quoi pavoiser, donc « et cette guerre ne fait que commencer » selon un analyste des services français de renseignement, cité par Le Canard enchainé.
Tueurs à distance
Après avoir envoyé 30′000 soldats supplémentaires, Obama vient d’autoriser une intensification des bombardements par avion sans pilote. Ces drones, sorte de robots espions guidés à distance par la CIA ou les armées US, peuvent surveiller plusieurs zones, enregistrer des conversations, filmer des cibles et tuer quand on leur en donne l’ordre.
Aujourd’hui, ces engins perfectionnés se promènent au-dessus de l’Afghanistan, bien sûr, mais aussi dans le ciel du Pakistan et du Yémen, qu’ils bombardent de temps à autre, ou de la Somalie, qui connaitra sans doute bientôt le même sort que que l’Afghanistan.
« Assassinats ciblés »
« L’Amérique est en guerre ». Les diplomates français en poste à Washington se l’entendent dire aujourd’hui plus souvent qu’au temps de Bush. Et le recours aux « assassinats ciblés », apanage de ces drones, est en train de devenir la politique officielle des États-Unis. Un exemple, découvert dans une étude d’un centre de recherche US, New America Foundation : celui de l’assassinat de Baithullah Meshud, présumé chef des talibans au Pakistan. Il aura fallu neuf bombardements guidés par la CIA, et on e ne sait combien de victimes civiles non comptabilisées, pour « atteindre la cible ». Mais, au pays du hamburger, quand on déteste, on ne compte pas.