Les Etats-Unis ne ménagent pas leurs efforts pour dissuader le gouvernement israélien de lancer une opération militaire contre les sites nucléaires iraniens. Le 16 juillet, Hillary Clinton, la secrétaire d’Etat américaine, a affirmé, lors d’un déplacement en Israël, que Washington utiliserait « toutes les composantes de sa « puissance pour empêcher l’Iran d’accéder à l’arme nucléaire ».
Seulement, les dirigeants israéliens s’impatientent. « Le moment est venu pour le monde entier de se préparer à une action unie, à un objectif uni dans la volonté politique de stopper rapidement et définitivement le projet nucléaire iranien » a ainsi déclaré, 10 jours plus tard, Ehud Barak, le ministre de la Défense de l’Etat hébreu. « Les événements du printemps arabe, qui s’est progressivement transformé en un été islamique, démontre qu’à l’heure ultime des décisions, en ce moment de vérité, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes » a-t-il encore ajouté.
Qui plus est, l’on estime à Tel Aviv que les sanctions internationales n’ont pas produit les effets escomptés et l’on craint que Téhéran n’entre dans une « zone d’immunité » et que les sites nucléaires iraniens soient hors d’atteinte d’une opération militaire. En outre, selon la presse israélienne, qui s’appuie sur des sources du renseignement, l’Iran aurait accéléré le rythme, en dépit des cyberattaques, des assassinats ciblés de scientifiques iraniens et autres opérations clandestines.
« Actuellement, la République islamique produit chaque mois 230 kg d’uranium faiblement enrichi et 12 kg d’uranium enrichi à 20% », a avancé le site Internet du quotidien Yediot Aharonot. « Les chiffres montrent que l’Iran a augmenté de façon significative le rythme de l’enrichissement d’uranium ces quatre derniers mois », a-t-il précisé. « Si les Iraniens continuent à enrichir l’uranium au rythme actuel, ils disposeront de quelque 260 kg d’uranium enrichi à 20% en janvier ou février 2013 », a encore ajouté. Et de prévenir : « Avec cette quantité, il ne faudra que deux mois environ à l’Iran pour produire de l’uranium de qualité militaire pour une bombe ou une ogive nucléaire ».
Cela étant, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a affirmé, le 31 juillet, qu’aucune décision n’a encore été prise au sujet d’une éventuelle opération contre les sites nucléaires iraniens et qu’une réflexion à ce sujet est en cours.
A priori, le gouvernement et les responsables militaires sont en désaccord sur cette question, et plus précisément sur l’opportunité de lancer une attaque sans le soutien américain. « En Israël, c’est la classe politique qui prend les décisions, et l’armée ne fait que les appliquer » a toutefois rappelé Benjamin Netanyahu, pour qui Israël ne peut « compter sur personne » face à la menace iranienne.
Une action israélienne unilatérale risquerait que de retarder le programme nucléaire iranien de quelques années tout en déclenchant un conflit régional aux conséquences imprévisibles.
Du coup, lors d’une énième rencontre avec les responsables israéliens cette année, le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, a tenté de rassurer ces derniers en haussant le ton à l’égard de Téhéran. « Il s’agit de dire très clairement qu’ils (les Iraniens) ne seront jamais en mesure d’avoir l’arme atomique » a-t-il déclaré, le 1er août. « S’ils décident de poursuivre sur cette voie (…), nous avons des options que nous sommes prêts à mettre en oeuvre pour nous assurer qu’ils n’auront jamais cette arme » a-t-il ajouté.
« Toutes les options sur la table », y compris « l’option militaire », avait encore assuré, auparavant, Leon Panetta, lors de la visite d’une batterie anti-roquettes Iron Dome, un système en partie financé par les Etats-Unis. Mais avant d’en arriver là, a-t-il rappelé, Washington entend « épuiser tous les efforts » diplomatiques.
Avant le déplacement de Leon Panetta, le président américain, Barack Obama, en pleine campagne électorale, a signé un projet de loi visant à renforcer la coopération militaire entre les Etats-Unis et l’Etat hébreu. Selon le locataire de la Maison Blanche, ce texte prouve « l’engagement inébranlable » de Washington en faveur de la sécurité d’Israël.
Et, apparemment, la période est propice aux Israëliens pour obtenir ce qu’ils veulent en matière militaire. Ainsi, le Pentagone a conclu un accord de 435 millions de dollars, la semaine passé, avec Lockheed-Martin, pour améliorer les équipements de guerre électronique des 20 futurs F-35A commandés par l’Etat hébreu (+75 en options) et y intégrer des composants de facture israélienne, ce qui avait été refusé, jusqu’à présent, par Washington.