La BCE entame la quatrième phase de son plan de refinancement à long terme des grandes banques de la zone euro (LTRO) en injectant 74 milliards d’euros dans le système bancaire. Cela s’inscrit dans les politiques monétaires non-conventionnelles pratiquées par les banques centrales à travers le monde via des taux d’intérêts proches de zéro, voire négatifs, et également des rachats d’actifs directement sur les marchés secondaires.
En théorie, cet argent bon marché est censé alimenter l’économie réelle, cependant les entreprises et les ménages, ceux qui font l’économie réelle, sont déjà largement endettés et ne voient pas de perspective favorable les incitant à investir. Et il est peu probable que les banques viennent soulager les petites entreprises. Le médiateur du crédit, dans un récent rapport, tirait la sonnette d’alarme sur les conditions particulièrement difficiles d’emprunt pour les TPE et PME [1]. Beaucoup d’entre elles ferment pour de simples problèmes de trésorerie, quand d’autres pratiquent carrément l’autocensure, n’osant même plus pousser la porte des banques de peur de se voir signifier un refus.
Ainsi, les largesses sans précédent de la BCE devraient continuer à alimenter la demande de liquidités d’activités purement financières. D’ailleurs, aucun contrôle n’est encore prévu pour encadrer leur utilisation. Les fonds de pension et les banques d’investissements pourront financer leurs montages spéculatifs par l’emprunt à des taux dérisoires. Les grands entreprises cotées en bourse continueront leur politique de rachat d’actions à crédit, ce qui fait artificiellement monter le cours de bourse au plus grand bonheur du management et des actionnaires [2].
Les banques centrales, par leurs politiques monétaires laxistes, n’ont finalement qu’un seul objectif : maintenir à flot des marchés financiers n’ayant plus aucune espèce de relation avec les fondamentaux économiques. Les investisseurs, dopés à l’argent bon marché, traquent les profits sur les marchés, ce qui abaissent les rendements et fait monter mécaniquement les prix d’achat des actifs. Obligations d’États européens, cours des bourses : les principaux indices sont rentrés dans un phénomène de bulle, qui à déjà dépassé largement celui de la dernière crise financière en 2008. Ce phénomène purement inflationniste connaîtra un jour une fin, entraînant l’ensemble de l’économie mondiale dans une grave récession, dont nos sociétés ne devraient pas sortir complètement indemnes.