« Personne n’est allé en prison depuis la crise financière. Lorsque les banques font quelque chose d’illégal, au mieux elles récoltent une amende. Peut-être que cela serait une bonne leçon pour les autres, si certains des banquiers devaient aller en prison. Ou si l’un d’entre eux était pendu dans la rue » , a affirmé l’économiste Nouriel Roubini, au cours d’une interview récente donnée à Bloomberg.
Il commentait le récent scandale qui a éclaté lorsqu’il est devenu connu que des banques manipulaient constamment le taux d’intérêt interbancaire Libor pour augmenter leurs profits ou minorer leurs pertes.
Roubini est professeur d’économie à l’université de New York, et on le surnomme « Docteur Doom », parce qu’il était plus pessimiste que les autres économistes. En 2005, il a notamment prédit l’effondrement du marché immobilier américain qui s’est finalement concrétisé en 2008, avec la crise des subprimes en 2008.
« Les banques ont toujours intérêt à tricher et à faire des choses qui sont ou bien illégales, ou bien immorales », a commenté Roubini. « La seule chose à faire pour l’éviter serait de briser ces supermarchés financiers. Quand vous avez des activités de banque d’investissement, de gestion d’actifs, de courtage, d’assurance, de mandat, de dérivés, au sein de la même banque commerciale, il n’y a aucune Muraille de Chine et les conflits d’intérêt sont énormes ».
« Les banquiers sont cupides. Ils ont été cupides au cours des dernières centaines d’années. Ce n’est pas le problème de savoir s’ils ont plus de moralité aujourd’hui qu’il y a un millier d’années. Vous devez vous assurez qu’elles se comportent d’une manière qui minimise ces risques. Une manière de le faire est de séparer ces activités pour minimiser les conflits d’intérêt. Sinon ces choses vont encore se reproduire. »
Pour finir son interview, le Docteur Doom a montré qu’il méritait bien son surnom en donnant des prévisions extrêmement pessimistes pour l’économie mondiale en 2013 : « Un effondrement de la zone euro, une récession en double creux aux USA, un atterrissage difficile en Chine et dans les autres pays émergents, et la guerre au Moyen-Orient… L’année prochaine, nous pourrions assister à une parfaite tempête mondiale », a-t-il conclu.