Pour chasser les groupes islamistes (al-Qaïda au Maghreb islamique, Mujao et Ansar Dine) du Nord-Mali et éviter qu’un foyer terroriste ne se développe durablement (certains ont parlé de “Sahelistan”), les Nations unies ont autorisé la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest et l’Union africaine à intervenir militairement pour épauler l’armée malienne.
Il est ainsi question de déployer une force de 3 600 hommes (Mission internationale de soutien au Mali, MISMA) pour une durée d’un an. Aucun calendrier précis concernant cette éventuelle intervention n’a été pour le moment fixé. Pour Romano Prodi, envoyé spécial des Nations unies au Sahel, elle ne pourrait pas avoir lieu avant le septembre 2013 alors que selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, il est possible qu’elle puisse commencer d’ici la fin du premier semestre de cette année.
Cela étant, sous peine de déstabiliser davantage une région qui n’en a déjà pas besoin, l’échec est interdit. C’est pourquoi l’Union européenne, sous l’impulsion de la France, a approuvé une mission de formation en faveur de l’armée malienne (EUTM Mali), afin de rendre apte au combat 4 bataillons de 650 hommes chacun.
Mais une autre inconnue est la capacité de la futur MISMA à remplir sa mission. Son déploiement sera certes encadré par les Nations unies mais il y a de quoi être sceptique. Qui plus est, “le combat contre des forces asymétriques comme des guérillas dans les dunes et la chaleur du Sahel, auxquelles les terroristes ont eu largement le temps de s’adapter, serait un enfer pour les forces de la Cédéao” avait expliqué, en octobre 2012, Abdelkader Abderrahmane, analyste de l’Institute for Security Studies.
Visiblement, ces doutes sont partagés par Thomas Boni Yayi, le président du Bénin et de l’Union africaine. Ainsi, le 8 janvier, à l’occasion d’un déplacement à Ottawa (Canada), il a appelé l’Otan à intervenir au Nord-Mali pour chasser les groupes islamistes qui s’y sont établis, et cela, aux côtés de la MISMA.
Pour le président béninois, l’affaire du Nord-Mali “dépasse le cadre africain” et “c’est une question de terrorisme et que ça relève de la compétence de la communauté internationale.” Et d’ajouter que l’Union africaine cherche à créer une “coalition globale”, comme celle qui s’est formée pour chasser les taliban et al-Qaïda en Afghanistan, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001.
“Une conférence internationale” sera bientôt organisée “pour décider qui fait quoi et quand” a encore expliqué Thomas Boni Yayi. “L’Otan devrait y participer” a-t-il estimé. “Nous ne pouvons plus perdre de temps” a-t-il insisté. Et cela d’autant plus que les jihadistes ont commencé à bouger vers le sud du Mali…