Après les micro-partis de Laurent Wauquiez, d’Eric Woerth ou encore de Valérie Pécresse, voilà que l’on découvre l’"Association de soutien à l’action de Nicolas Sarkozy" (Asans).
Mediapart, le 14 juillet, puis le Journal du dimanche, dans son édition du 18 juillet, en révèlent l’existence. Cette formation dispose d’une adresse discrète à Neuilly-sur-Seine : "Pas de plaque à l’entrée, pas de noms sur l’interphone", note l’hebdomadaire.
Cette entité méconnue aurait récolté pas moins de 270 000 euros en 2006, dont "250 000 versés au compte de campagne de Nicolas Sarkozy l’année suivante" et 134 000 euros en 2007. "Le dispositif n’est pas illégal", ajoute le journal, mais "il permettait à chacun de financer deux fois le candidat Sarkozy via l’UMP et via l’Asans", quand la loi fixe à 7 500 euros le plafond des dons particuliers aux personnalités politiques.
En réalité, le siège de l’Asans se trouve être le domicile privé de Frank Louvrier, conseiller en communication de Nicolas Sarkozy. Interrogé par le JDD, celui-ci explique que son appartement a simplement servi de "boîte aux lettres" lorsque la structure a été créée en 2001, mais nie avoir une quelconque responsabilité dans son fonctionnement.
Ce parti se trouve en fait entre les mains du ministre de l’industrie, Christian Estrosi, et du ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux, respectivement président et trésorier de l’Asans.
"Tout a été contrôlé et approuvé par deux commissaires aux comptes, affirme M. Estrosi au JDD. Ce mode de financement est une garantie de transparence de la vie politique par rapport à l’époque où n’importe quelle personne morale pouvait soutenir un candidat." Le parti serait en sommeil depuis 2008 mais disposerait d’une réserve de 200 000 euros.
Le feuilleton de l’affaire Bettencourt, et le don légal versé par l’héritière du groupe L’Oréal à l’Association de soutien à l’action d’Eric Woerth (ASAEW), a révélé au grand jour la multiplication de ces petites structures, à gauche comme à droite, qui récoltent chaque année des dizaines de milliers d’euros.
Trois députés Verts les soupçonnent de permettre un "contournement" du plafonnement des dons aux partis et ont demandé qu’une commission d’enquête parlementaire se penche sur la question.
Pour François Bayrou, les centaines de "structures opaques" ainsi crées – 283 ont été recensées par la Commission des comptes de campagne – "autorisent tous les trucages et tous les dépassements" de la loi sur le financement politique. Et le PS a à nouveau demandé qu’interdiction soit faite aux parlementaires ou ministres déjà membres d’un parti de créer une de ces structures.