Lors de sa visite à Moscou, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a cherché à convaincre le président Poutine que la Russie ne devait pas accepter d’assouplir les sanctions contre l’Iran, écrit jeudi 21 novembre le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Mais les deux dirigeants n’ont pas réussi à s’entendre à ce sujet. Quant à la Syrie, Moscou considère que les frappes israéliennes contre les sites de Damas profitent aux forces radicales qui représentent une menace pour l’Etat juif.
Il s’agit du cinquième voyage de Netanyahou en Russie depuis qu’il dirige le gouvernement de l’Etat hébreu. Les deux dirigeants ont des relations de confiance qui leur permettent de soulever ouvertement les sujets les plus sensibles de la politique mondiale et des relations bilatérales.
Cette fois la visite de Netanyahou a coïncidé avec la reprise des discussions entre les six médiateurs internationaux et l’Iran au sujet de son programme nucléaire.
Selon le Jerusalem Post, Netanyahou avait décidé d’évoquer ce thème en particulier avec le président russe.
"La Russie est un acteur majeur car c’est elle qui entretient les relations les plus proches avec l’Iran parmi les six négociateurs internationaux", a déclaré Tzachi Hanegbi, membre du parti Likoud à l’assemblée israélienne et proche du premier ministre. "La Russie a construit un réacteur à Bouchehr et fournit des armes à l’Iran. Les Russes ont beaucoup d’influence. Et même si le dialogue avec les Russes n’avait aucun effet sur les négociations à Genève, nous considérons cette rencontre comme cruciale." Pour illustrer l’efficacité du dialogue russo-israélien, Hanegbi a rappelé que la Russie n’avait pas fourni à la Syrie de systèmes de défense antiaérienne S-300.
Pendant toute sa visite en Russie le premier ministre sera accompagné par le vice-ministre des Affaires étrangères Zeev Elkin, qui parle russe couramment. Tel-Aviv craint que l’entente supposée entre les négociateurs gèle le programme iranien mais ne conduise pas à son démantèlement ou sa réduction significative.
Par ailleurs, l’assouplissement des sanctions économiques internationales réduirait considérablement la pression sur Téhéran. Le ministre israélien du Renseignement Yuval Steinitz a déclaré qu’en acceptant un tel accord le monde montrerait qu’il "souhaite se faire duper".
Moscou n’est pas de cet avis. La Russie estime que seules les concessions mutuelles et le compromis permettront de régler ce conflit qui empoisonne l’atmosphère internationale depuis des décennies. On pouvait difficilement s’attendre à une entente entre les deux dirigeants sur la question iranienne.
Cependant ces différends n’empêchent pas le développement actif des relations russo-israéliennes et le dialogue politique, notamment concernant le Moyen-Orient. Les départements militaires et les conseils de sécurité des deux pays sont en contact.
Le sous-secrétaire du Conseil de sécurité de la Russie Evgueni Loukianov a rencontré à Moscou en octobre le vice-président du Conseil de sécurité nationale d’Israël Yaakov Nagel. On envisage même la visite de Yossi Cohen, nouveau président du Conseil national de sécurité, qui occupait jusque là le poste de directeur adjoint du Mossad.
En ce qui concerne le Moyen-Orient, Moscou indique que le renversement des régimes politiques par une intervention extérieure ne permettra pas à lui seul d’éradiquer la violence et le chaos, citant en exemple la Libye, le Yémen, l’Egypte et la Syrie.
Israël est indirectement impliqué dans le conflit syrien et bombarde parfois les sites militaires de Damas. La Russie estime qu’en affaiblissant le gouvernement syrien Tel-Aviv contribue au renforcement des groupuscules radicaux en liaison avec Al-Qaïda, ce qui ne fait qu’accroître la menace pour l’Etat juif lui-même.