Des représentants des missions diplomatiques de Pologne et d’Allemagne, proclamés personae non gratae, ont été expulsés hier de Russie après que ces pays ont agi de même avec des officiels russes, écrit mardi le quotidien Novye Izvestia.
Le ministère letton des Affaires étrangères a confirmé dimanche l’arrestation et l’expulsion de Russie du citoyen letton Alexeï Kholostov, ancien député du parlement. Selon les experts, ce n’est certainement pas une coïncidence : les autorités russes veulent montrer qu’elles n’ont pas l’intention de s’imposer une amitié avec l’Occident.
L’expulsion la plus importante a touché la mission diplomatique polonaise. Suite à la récente décision des autorités polonaises d’expulser plusieurs diplomates russes, la Russie a pris des mesures symétriques en annonçant le renvoi de plusieurs diplomates de l’ambassade de Pologne à Moscou. Selon des informations officieuses, quatre Russes et quatre Polonais auraient ainsi été expulsés. Comme le rapporte la presse polonaise, Varsovie a expulsé un officier du GRU, la Direction générale des renseignements, qui travaillait sous couverture d’un collaborateur de l’ambassade de Russie et surveillait le lieutenant-colonel Zbigniew Jedlinski du ministère polonais de la Défense, arrêté pour espionnage, et l’avocat Stanislav Chipovski ayant la double nationalité, russe et polonaise. À son tour, selon les sources de l’agence Reuters, la Russie a expulsé trois attachés militaires et un collaborateur du département politique.
L’expulsion de la diplomate allemande a, elle, fait plus de bruit. Dans un communiqué officiel, le ministère russe des Affaires étrangères a indiqué qu’elle avait été expulsée suite aux « actions non amicales des autorités allemandes envers un employé d’une représentation russe en Allemagne ». Ce communiqué fait sans doute allusion au renvoi d’un diplomate russe du consulat de Bonn, rapporté par les médias allemands, qui avait été expulsé après une longue filature menée par les renseignements allemands. Confirmant qu’une employée du département politique de l’ambassade d’Allemagne a dû quitter la Russie, le ministère allemand des Affaires étrangères a dit « regretter cette démarche illégitime ». Cette réaction allemande, plus émotive que celle des Polonais, s’explique probablement par le fait que des scandales d’espionnage n’avaient pas envenimé les relations mutuelles des deux pays depuis longtemps. Alors qu’un tel échange de « politesses » entre Moscou et Varsovie est relativement fréquent. Globalement, les sanctions mutuelles de ce type sont un phénomène ordinaire dans les relations intergouvernementales.
Mais ces trois expulsions successives d’individus accusés d’espionnage sont tout de même impressionnantes par leur rapprochement. L’expulsion d’une collaboratrice de l’ambassade d’Allemagne juste avant la visite en Russie du ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier (qui arrive aujourd’hui) semble d’autant plus surprenante.
Dans le cas du collaborateur letton soupçonné d’espionnage, la Russie n’a pas jugé nécessaire de respecter les normes de « décence ». Le renvoi d’Alexeï Kholostov a été très médiatisé et accompagné d’un reportage révélateur à la télévision, alors qu’il est un ancien député letton du parti russophone le plus influent de Lettonie, Centre de la concorde. Il a reconnu avoir été menacé et été victime de chantage pour le forcer à travailler pour les renseignements lettons, patronnés par la CIA.