En l’espace de 16 ans, 11 meurtres et disparitions d’enfants ont eu lieu en Isère, dont Grenoble est le chef-lieu. Seuls deux de ces meurtres auraient, selon la justice, été résolus, et les dossiers de deux meurtres viennent d’être enterrés. La justice dit avoir exploré toutes les pistes, ce qui ne semble pas être l’avis des familles. En tout cas, comme dans le dossier des disparues de l’Yonne, comme dans l’affaire Alègre et bien d’autres, on a pu constater quelques « dysfonctionnements » assez incroyables dans des affaires aussi graves.
Entre 1980 et 1996, 11 enfants âgés de 5 à 13 ans ont été tués ou portés disparus dans ce département d’1,2 millions d’habitants (aujourd’hui). On est dans la région de Grenoble, pas loin de la Suisse et de l’Italie, tout près de Lyon.
Pour situer le tableau, pendant cette période, de 1983 à 1995, le maire RPR de Grenoble était Alain Carignon, dont on se rappelle les démêlés avec la justice [1]. En 1986, Carignon, élu député, entre dans le gouvernement Chirac, et de 1985 à 1997 il est président du Conseil général de l’Isère.
Grenoble, c’est aussi le secteur où a eu lieu une partie de l’affaire du Temple solaire, avec un des trois « suicides collectifs » qui s’est produit dans le Vercors, et c’est là que l’affaire a été « instruite ».
Aujourd’hui, la mafia sicilienne semble bien implantée à Grenoble, avec quelques débordements tels que l’assassinat à l’aide d’une carabine de chasse à lunette d’un détenu dans la cour de la prison juste avant qu’il n’aille voir le juge, en 2008.
Les meurtres et disparitions
Officiellement, on en comptabilise 9, mais certains ont été oubliés, semble-t-il, des bilans officiels.
Philippe Pignot, disparu le 25 mai 1980 à La-Morte-sur-Isère, à l’âge de 13 ans. On n’a jamais retrouvé son corps.
Ludovic Janvier, disparu le 17 mars 1983 (trois jours avant le 20 mars, date de rituel satanique) à Saint-Martin-d’Here, à l’âge de 6 ans et demi. Un peu avant 20h, il était parti avec ses deux frères chercher un paquet de cigarettes à deux cents mètres du domicile familial. Il est enlevé devant plusieurs témoins par un homme avec un casque de moto sur la tête, en bleu de travail et portant des chaussures de sûreté. Cet homme, en outre, avait l’air gentil et connaissait les noms des enfants. Les enfants ne se sont pas méfiés quand il leur a demandé de l’aider à chercher son chien. La famille de Ludovic s’était installée en Isère depuis la Sarthe trois semaines plus tôt. Le corps de Ludovic Janvier n’a jamais été retrouvé. Un non-lieu a été rendu, mais le dossier de Ludovic, comme quatre autres, a été « perdu » puis retrouvé en 2009. « Il faut qu’un avocat saisisse un ministre pour lui signaler qu’il y a un problème au tribunal de Grenoble pour que, subitement, ils retrouvent les dossiers perdus », a souligné la sœur de Ludovic devant France Soir. Des ossements d’enfant retrouvés dans le Vercors en 1985 remontent à l’époque à la disparition de Ludovic [2].