Le premier ministre russe Vladimir Poutine n’a pas exclu mardi 26 avril 2011 devant les journalistes à Copenhague que l’actuelle situation en Libye soit liée à l’intérêt suscité à l’étranger par ses réserves de pétrole et de gaz.
"A signaler que pour les réserves de brut en Afrique, la Libye arrive en première position et en quatrième pour le gaz. Une question se pose : n’est-ce pas là l’intérêt essentiel de ceux qui y opèrent à présent ?", a déclaré M.Poutine à l’issue des négociations avec son homologue danois Lars Loekke Rasmussen.
La Libye a demandé à la Russie de convoquer une réunion urgente du Conseil de sécurité de l’Onu pour discuter de la "tentative de prendre pour cible" le colonel Mouammar Kadhafi et du bombardement de "sites civils" en Libye.
Un appel auquel la Russie a partiellement répondu dans la journée par la voix de Vladimir Poutine.
"Ils disaient qu’ils ne voulaient pas tuer Kadhafi. Maintenant certains responsables disent oui, nous cherchons à tuer Kadhafi. Qui a autorisé cela, y a-t-il eu un quelconque procès ? Qui s’est arrogé le droit de tuer cet homme ?", s’est emporté le premier ministre russe lors d’une visite au Danemark.
L’Otan a nié avoir voulu tuer Kadhafi lors d’une conférence de presse, doutant de sa présence dans les bâtiments au moment de l’attaque.
Les bombardements menés sous l’égide de l’Otan sont "contraires aux résolutions du Conseil (de sécurité de l’Onu 1970 et 1973) et violent les lois et conventions internationales", a-t-on ajouté de même source.
Moscou a multiplié ces dernières semaines les critiques à l’égard de la coalition internationale, jugeant que son intervention outrepassait le mandat de l’ONU.
La Russie, qui dispose d’un droit de veto au Conseil de sécurité, s’était abstenue le 17 mars lors du vote de la résolution 1973, permettant ainsi son adoption, l’intervention d’une coalition internationale contre le régime du colonel Kadhafi et le déclenchement de frappes aériennes. Quelques jours plus tard en visite dans une usine d’armements en Sibérie, Vladimir Poutine s’est lancé dans une attaque en règle contre l’intervention occidentale en Libye et les Etats-Unis.
Devant des ouvriers, le Premier ministre a dénoncé pêle-mêle une résolution de l’ONU qui "fait penser à l’appel aux croisades du Moyen-Age", et une tendance à l’intervention militaire qui devient selon lui "une constante" dans la politique des Etats-Unis après l’ex-Yougoslavie, l’Afghanistan et l’Irak.
Tout cela "montre encore une fois que nous avons raison de renforcer les capacités militaires de la Russie", a-t-il ajouté, promettant de multiplier par deux la production de missiles en 2013, alors que Moscou et Washington viennent de ratifier START, un traité de désarmement nucléaire.