Alors que 400 marins russes arrivaient le 30 juin dernier à Saint-Nazaire, l’imbroglio diplomatique autour de la livraison de deux navires par la France à la Russie a connu un nouvel épisode. Tandis que Vladimir Poutine s’interroge sur le chantage exercé par les États-Unis, Washington continu à condamner le contrat d’armement entre Moscou et Paris.
Au cours d’une réunion réunissant des diplomates russes le 1er juillet 2014, Vladimir Poutine a commenté les pressions exercées sur la France par les États-Unis au sujet de la livraison des porte-hélicoptères de classe Mistral :
« Nous sommes au courant de la pression exercée par nos partenaires américains sur la France afin de la dissuader de fournir des Mistral à la Russie. Nous sommes également au courant des allusions selon lesquelles si les Français ne livrent pas les Mistral, les sanctions frappant des banques françaises seront levées ou, tout au moins, minimisées. Qu’est-ce que c’est sinon du chantage ? Mais comment peut-on travailler ainsi sur la scène internationale ? Le comportement adopté par les États-Unis à l’égard des banques françaises ne suscite en Europe et chez nous que l’indignation. »
Le soir même Ben Rhodes (photo ci-dessus), adjoint de Barack Obama pour la Sécurité nationale, réagissait lors d’une conférence de presse, réitérant la position étasunienne :
« Compte tenu de la situation en Ukraine, nous estimons que le moment est mal choisi pour conclure des contrats militaires. »
Un contrat qui ne date pas d’aujourd’hui, puisqu’il avait été conclu en 2011, et qui, depuis le début de la crise ukrainienne, a été dénoncé à plusieurs reprises par Washington. Il s’agit surtout pour les États-Unis d’exercer une pression morale sur leur allié français au moment même où la France subit des assauts répétés de son partenaire dans la violente guerre économique qui sous-tend les négociations autour du Traité transatlantique (rachat d’Alstom par General Electric, amende de la BNP…). Dans « La lettre de L’Expansion » (16 juin 2014), un grand PDG français, sous couvert d’anonymat, expliquait :
« La rudesse de l’Oncle Sam s’explique par la faiblesse du pouvoir politique en France. »