L’État est devenu une institution criminelle où se mélangent les narcos [trafiquants de drogues] et les hommes politiques pour contrôler la société. Un État failli qui a été construit durant les deux dernières décennies pour éviter le plus grand cauchemar des élites : la deuxième révolution mexicaine.
« Vivants ils les ont enlevés, vivants nous les voulons », Marie Ester Contreras crie, tandis que vingt poings levés approuvent la consigne sur l’estrade de l’Université Latinoaméricaine de Puebla, lors de la réception du prix Tata Vasco au nom du collectif Forces Unies Pour Nos Disparus au Mexique (Fundem), pour son travail contre les disparitions forcées. La scène est saisissante, alors que les familles, presque toutes mères ou sœurs, ne peuvent retenir leurs pleurs et larmes chaque fois qu’elles parlent en public lors du XI Forum des Droits de l’homme.
Rien à voir de la généalogie des disparitions que nous connaissons dans le Cône Sud. Au Mexique il ne s’agit pas de réprimer, de disparaître et de torturer des militants mais quelque chose de beaucoup plus complexe et terrible. Une mère a raconté la disparition de son fils, un ingénieur en communication qui travaillait pour IBM, séquestré par les narcos pour le forcer à construire un réseau de communications à leur service. « Cela peut être le tour de n’importe qui », remarque-t-elle, estimant que toute la société est dans le collimateur et que, par conséquent, personne ne devrait rester en dehors.