« Comme en témoigne l’œuvre de Bernanos devenue parfaitement incompréhensible aux générations issues du libertarisme post-soixante-huitard ; comme l’expriment ses romans mettant inlassablement en scène la collision du catholicisme et de la pensée bourgeoise dans un tourment moral insoluble, cette religion passionnée, sacrificielle – non pas du livre et de la lettre, mais de l’esprit et de l’incarnation – est incompatible avec l’esprit bourgeois, lui, parfaitement judéo-protestant. »
Contrairement à l’esprit bourgeois, essentiellement tourné vers la recherche du confort terrestre et des richesses de ce monde, le catholique se doit d’être tourné vers sa Fin dernière : le Ciel. Se séparer du poids de son existence soit d’une partie de sa masse corporelle pour gagner sur la gravité terrestre et le matérialisme.
Il doit donc conformer sa vie à cette phrase du Christ, répondant à la question de Ponce Pilate lui demandant s’il était le roi des juifs :
« Mon royaume n’est pas de ce monde !
Si mon royaume était de ce monde, mes gens auraient combattu pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Mais mon royaume n’est pas d’ici. » (Jean 18.36)
La période du Carême qui débute avec le mercredi des Cendres (le 5 mars cette année pour les catholiques) est là pour rappeler aux chrétiens qu’ils ne sont que de passage ici-bas, et leur impose pour cela le renoncement aux biens et aux divertissements terrestres, afin de se rapprocher de Dieu et se préparer au sommet de l’année liturgique : Pâques, qui commémore la résurrection de Jésus Christ le troisième jour après sa Passion.
Le Mercredi des Cendres
Le premier jour du Carême est appelé Mercredi des Cendres, parce que les cendres sont le symbole de la pénitence. Elles proviennent de la combustion des rameaux bénis l’année précédente. Par la bénédiction et l’imposition des cendres sur le front des fidèles, l’Église rappelle que la vie est éphémère et nous ramène à penser la mort. Elle invite les fidèles à prévenir par la pénitence en ce monde, l’expiation dans l’autre.
Le catholique doit donc recevoir les cendres dans un vrai esprit d’humilité et de componction, confessant que nous sommes tous pêcheurs, car c’est à la suite du péché originel, que, pour la première fois, la sentence a retenti :
« Souviens-toi, ô homme, que tu es poussière, et que tu retourneras en poussière » (Genèse 3.19)
Le Carême
Le Carême (Quadragésima : quarante jours) a été institué à l’imitation du jeûne de Jésus Christ au désert, et comme préparation à la Fête de Pâques. Il semble que dans l’Ancien Testament, cette pratique du jeûne quadragésimal était déjà de mise avant quelque grande entreprise (Moïse, Elie).
On attribue l’institution du Carême aux Apôtres. Le Carême est une sorte de retraite spirituelle prolongée, que l’Église impose à ses enfants pour les affranchir du joug du péché et les faire participer aux fruits de la Rédemption par la digne réception de la Communion pascale. Le Saint Temps du Carême est, dans l’esprit de l’Église, un temps de purification et un temps de pénitence. Quant à la pratique de la pénitence, deux obligations nous sont imposées pendant tout le Temps du Carême : l’abstinence et le jeûne. L’abstinence, qui concerne tous les fidèles, consiste à s’interdire l’usage de la viande. Le jeûne, qui n’oblige que les personnes qui ont vingt-et-un ans accomplis, ne permet qu’un seul repas vers le milieu du jour, auquel l’Église, par indulgence, a permis d’ajouter une légère collation.