Jean-Luc Mélenchon, le grand ennemi du Système, est invité par Bourdin sur BFMTV pendant 19 minutes et 45 secondes pour y développer ses thèmes chers. Parmi eux, la lutte contre le TAFTA, traité en apparence abandonné, mais qui se re-profile sous le nom de CETA, qui serait une porte ouvrant la possibilité d’appliquer un TAFTA 2. Les peuples entubés connaissent la musique, depuis le « non » au référendum européen du 29 mai 2005, rapidement neutralisé par le traité de Lisbonne (avec Sarkozy aux commandes).
« Je connais les Nord-américains, leur habitude de rouler un peu tout le monde et surtout, je sais que l’Europe se prépare à signer un traité... le CETA »
Il faut reconnaître que le leader de la gauche de la gauche a averti dès les débuts de la dangerosité du Traité transatlantique. Justement, ce qui est étonnant avec Mélenchon, c’est ce couplage de lucidité politico-sociale et de grosse naïveté en matière d’ingénierie oligarchique. Au bout du compte, Mélenchon ignore toujours, ou feint d’ignorer, que son antifascisme de pacotille est le meilleur allié de l’oligarchie. Il doit pourtant bien reconnaître que la France, sous le joug des marchés, de l’Union européenne et des États-Unis, n’a plus son mot à dire, ni de politique nationale indépendante à mener.
Bourdin : « Vous êtes le candidat d’un nouvel indépendantisme français, j’ai lu ça, hein, c’est ça ? »
Et lorsqu’il s’offusque d’avoir été assimilé à « Marine Le Pen » – dont le programme est centré sur la récupération de la souveraineté française –, qu’il exhibe son petit triangle rouge, une décoration offerte par des ouvriers syndicalistes belges qui ont repris le symbole des déportés politiques par les nazis, il tombe dans le piège tendu par l’oligarchie, qui fait du FN l’ennemi principal de la gauche.
Histoire d’opposer les deux principales colères populaires, qui ne doivent en aucun cas s’unir. Ça sert uniquement à ça, à la fracturation du pays, la politique politicienne sur le mode gauche/droite. Jouer ce jeu fait donc partie de l’enfumage qui permet d’entretenir l’impuissance du peuple français.
Sans faire injure à son intelligence, est-ce une limite conceptuelle personnelle (chacun arrivant un jour à son niveau d’incompétence), ou la peur de basculer dans le camp des vrais dissidents, qui lui verrait perdre son confortable siège de bon client des médias, avec tous les avantages y afférents ? Pourtant, là encore, il ose ce que ses petits camarades LRPS n’osent pas :
Bourdin : « Alors vous avez comparé les musulmans aux protestants et aux juifs persécutés. Francement, franchement, est-ce sérieux ? »
Mélenchon : « Nan j’ai vu ce procès, j’ai même vu monsieur Cukierman qui n’a jamais été en retard d’une bêtise a dit que ma manière de parler niait la Shoah, mais, du calme, quoi, prenons un peu de hauteur. [...] Nous savons, nous Français, que c’est vite fait d’allumer une guerre de religions. »
Il nous semble que Mélenchon, qui a compris que ça ne menait nulle part, a du mal à sortir de son logiciel de gauche socialiste, qui sert les intérêts de l’oligarchie en dé-nationalisant la colère populaire. Chaque fois qu’il met un pied dehors, le leader du Front de Gauche se fait tirer dessus, et doit se défendre de n’être pas un « fasciste », un « raciste », un « antisémite ». Comme un gardien de camp qui chercherait à s’enfuir et qui se ferait tirer dessus par ses anciens complices...
L’arroseur arrosé, finalement.
Mélenchon sur BFMTV le 30 août 2016 :