Mais pourquoi diantre mettre en place des lois hautement liberticides au nom de la préservation du droit d’auteur ? Alors que l’on peut simplement arrêter et condamner les fraudeurs... heinh, pourquoi ?
Avis d’ouragan sur le streaming. MegaUpload fermé. Son fondateur enjôlé. Et à lire les extraits du dossier judiciaire qui sortent dans la presse, il semblerait bien que ce ne soit pas pour de rire.
Du coup, Filesonic, Fileserve, Allostreaming, VideoBB et d’autres ont réduit la voilure... le surf en streaming est pris dans la tempête.
Côté peer-to-peer, en 2010, les fondateurs de The Pirate Bay ont été balayés par des peines allant de 4 à 10 mois de prison ferme, et 5 millions d’euros de dommages et intérêts.
Concernant les utilisateurs, même topo : des dizaines de milliers de procès sont en cours aux Etats-Unis. En 2009, une jeune américaine a notamment été condamnée à près de 2 millions de dollars de dommages et intérêts.
Sa faute ? Avoir téléchargé et partagé... 24 chansons sur Kazaa ! Bernard Tapie n’en revient toujours pas.
Y a pas mort d’homme...
En France aussi, on peut condamner : deux mois de prison avec sursis et 33 000 € de dommages-intérêts pour téléchargement par ci, 2 mois de prison avec sursis pour un site de référencement par-là, neuf mois de prison avec sursis et 373 000 euros d’amende pour piratage de films en salle...
Alors, pourquoi donc mettre en place des législations abracadabrantesques (Hadopi en France) et hautement liberticides (Sopa aux Etats-Unis) ? Aujourd’hui, chez nous, d’ailleurs, la mise à disposition d’oeuvres protégées par le droit d’auteur est sanctionnée plus durement que l’homicide involontaire ou la profanation de cimetières !
Mais ça ne suffit visiblement pas... Nicolas Sarkozy a - comme à son habitude - sauté à pieds joints sur la fermeture de MegaUpload pour demander que les lois soient encore durcies. On va leur montrer qui c’est, Raoul !
Y a-t-il menace sur la sécurité nationale pour que l’on mette à ce point en péril les libertés fondamentales (SOPA : filtrage de contenu permanente, y compris pour les mails, censure mondiale, fermeture de sites entiers pour une simple image contrefaite) ?
A tel point que la Commission européenne a affirmé ce matin par la voix de Viviane Reding, en charge de la Justice, que "la protection des créateurs ne doit jamais être utilisée comme un prétexte face à la liberté de l’Internet". A tel point que, finalement, la loi est suspendue, aux Etats-Unis, après le black-out de mercredi dernier.
Pire to pire
Les conséquences de toutes ces (tentatives de) législations sont désastreuses. Des réseaux d’échange P2P sécurisés et anonymes sont en cours de développement.
Ce qui, pour le coup, posera de réels problèmes de sécurité (inter)nationale. Sans parler des libertés fondamentales, dont le droit de l’Homme "naturel", "inaliénable", "sacré" et "imprescriptible" qui s’appelle "la résistance à l’oppression".
Ce qui signifie simplement que les peuples doivent, à tout moment, avoir le droit de se rebeller contre leurs dirigeants. N’en déplaise... aux dirigeants.
Rappelons à ce sujet ces paroles empreintes de bon sens, proférées (à propos des faux-papiers) par Raymond Forni, président (PS) de l’Assemblée Nationale de 2000 à 2002 :
"Dans une démocratie, je considère qu’il est nécessaire que subsiste un espace de possibilité de fraude. Si l’on n’avait pas pu fabriquer de fausses cartes d’identité pendant la guerre, des dizaines de milliers d’hommes et de femmes auraient été arrêtés, déportés, sans doute morts. J’ai toujours été partisan de préserver de minimum d’espace sans lequel il n’y a pas de véritable démocratie".
Et celles-ci, d’Alex Türk, sénateur UMP et ancien président de la CNIL, s’exprimant devant les sénateurs au sujet des nanotechnologies : "Du temps de la STASI, au moins, on avait le droit à l’insurrection"... Mais ils n’avaient pas Britney Spears.