La majorité sarkozyste n’est pas la seule à craindre d’être éliminée du second tour de la présidentielle par Marine Le Pen .
A l’heure où des enquêtes et des sondages officieux placent la candidate nationale bien au-delà des intentions de vote déjà flatteuses annoncées par les instituts ces derniers jours, le PS lui aussi confie ses craintes au grand jour.
Dans un entretien accordé au Monde daté d’aujourd’hui, « l’internationaliste » Arnaud Montebourg explique sa volonté de combattre la « corruption » – y compris dans les rangs de son parti- par le danger d’une victoire du Mouvement national. « Ce sont la corruption, le clientélisme et l’affairisme au pouvoir, d’où qu’ils viennent, qui poussent les Français vers le Front national » affirme-t-il. Entre autres choses, M. Montebourg…
Une hypothèse Marine parfaitement bien intégrée par François Hollande qui, après sa visite d’une usine de Placoplâtre en Seine-Saint-Denis, celle d’Alsthom en Saône-et-Loire, et hier aux chantiers navals de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), n’ignore plus que le monde ouvrier plébiscite très largement la présidente du FN…
Le Parisien s’en est fait l’écho, « lors du dernier comité stratégique de campagne (du PS,NDLR) le candidat en a appelé à la vigilance des socialistes : Il faut faire attention au Front National. »
L’inquiétude est d’autant plus forte qu’aux yeux de Hollande, Marine Le Pen peut encore progresser » ; « au PS, des voix s’élèvent pour tirer la sonnette d’alarme sur le niveau élevé de la candidate du Front National dans les sondages ».
L’ancien président de SOS Racisme, Malek Boutih, qui analyse souvent assez bien les situations politiques, l’a rappelé sans ambages : « Il y a un fauteuil pour trois : avec François Hollande et Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen est désormais candidate à la victoire présidentielle. »
Manuel Valls, directeur de la communication de la campagne de Hollande assure que « le FN a un potentiel plus élevé que ce qu’indiquent les sondages. Il y a un danger, une alerte. »
Un « danger » pointé par J. Benilouche sur le site communautaire Israelvalley qui revenant sur le voyage de Louis Aliot en Israël et notamment dans deux colonies juives de Cisjordanie, estime qu’ « un signe de réconciliation du Front National avec les citoyens juifs peut offrir un certificat d’honorabilité et de démocratie à une candidate alors que l’esprit antisémite de certains membres éminents colle encore à la peau du parti. Un dialogue avec cette communauté peut lui donner une nouvelle crédibilité en effaçant les scories qui entachaient le parti et lui amener de nombreux électeurs français qui accepteront de donner à présent leur voix à une extrémiste repentie. »
« Un courant de sympathie s’est déjà développé à l’égard de Marine Le Pen dans la communauté francophone par des éléments les plus extrêmes qui lui servent de fer de lance pour répandre la propagande frontiste dans la communauté juive française à travers un site à la politique éditoriale douteuse. La haine est leur fond de commerce. La haine de l’arabe, la haine du gouvernement israélien jugé timoré, la haine des travaillistes et des centristes, la haine des gens de gauche décrits comme vermines gauchistes juifs, et la haine des corps constitués juifs. Marine Le Pen est la seule à avoir grâce à leurs yeux. Car les partisans juifs de Marine Le Pen sont en mesure de convaincre les électeurs français non juifs qu’une nouvelle star est née puisque, grâce à son compagnon, elle s’éloigne de l’antisémitisme encombrant des anciens collabos et des pétainistes. »
M. Benilouche aurait pu encore préciser pour faire bonne mesure que Mussolini eut beaucoup d’amis et de collaborateurs juifs, que sa maîtresse Margherita Sarfati fut une des grandes inspiratrices culturelles du fascisme ; les liens étroits entre milieux sionistes et fascistes, du moins jusqu’en 1937 –voir l’historien Pierre Milza- le fait que le Duce reçut plusieurs fois le futur président d’Israël, Chaïm Weizmann. Il aurait pu aussi rappeler l’importance de la faction fasciste au sein de la nébuleuse sioniste - la faction Brit Ha’birionim- ou encore les contacts que Avraham Stern à la tête d’un groupe armée terroriste en lutte pour l’indépendance de l’Etat hébreu face aux occupants britanniques, tenta de nouer en décembre 1940 avec l’Allemagne Hitlerienne. Il préfère plus commodément agiter des formules à l’emporte-pièce à l’encontre du FN et de sa présidente.
Nous récusons bien sûr ses fantasmes en contradiction avec la nature même du FN et la position mesurée et équilibrée qui a toujours été la sienne dans le conflit israélo-palestinien. Position qui fait par exemple que Bruno Gollnisch s’est autant félicité de la libération du soldat Gilad Shalit détenu par le Hamas que de l’élargissement dimanche par Israël de 550 prisonniers palestiniens, parmi lesquels le Franco-Palestinien Salah Hamouri (voir notre édition du 19 octobre dernier). Mais ce sont les fantasmes en question qui contribuent à légitimer les mesures d’ostracisme prises à l’encontre du FN et/ou de sa candidate.
L’article paru sur le site Agoravox, commentant le documentaire sur le FN diffusé dimanche sur canal plus, « La face cachée du nouveau Front » (sic) y va lui aussi de son couplet rétro, en s’arrêtant sur « la rencontre de Marine le Pen avec Assunta Almirante, la veuve de Giorgio Almirante, leader historique du MSI, le plus important mouvement néofasciste italien de l’après-guerre. » « On pourra accuser ce documentaire, comme d’autres, d’être à charge, sans contradiction… mais les faits sont là : le FN n’a pas coupé ses liens avec des individus et des mouvements qu’on ne peut pas qualifier autrement que d’extrémistes – voire de fascistes » (sic). Mais ce télescopage spatio-temporel interpelle moins le téléspectateur que le passage qui voit Frédéric Haziza, journaliste à Radio J, nous apprendre que « (Bernard Henry Lévy) l’a appelé à 1h du matin pour lui déconseiller de recevoir Marine Le Pen dans son émission. »
« Cette révélation (…) vient confirmer les dires d’Alain Soral qui affirmait que Guillaume Durand l’avait désinvité suite à un coup de téléphone de BHL, reçu à 1h45 du matin. Etonnante régularité du philosophe entarté qui choisit toujours la même plage horaire nocturne pour distiller ses bons conseils aux journalistes, qui exécutent docilement tous ses ordres… » Soral racontait ainsi qu’il avait posé la question directement à Durand : « BHL peux t‘appeler pour te donner la liste de invités alors que tu animes une émission sur le service public ? », ce à quoi le journaliste lui aurait répondu, « bah oui, c’est comme ça »…
Eric Naulleau notait pareillement que les gens ont peur de BHL, qui est pourtant le maître de « l’imposture ». Un homme rappelons le, qui non content d’avoir endossé par la bonne grâce de M Sarkozy, le costume de ministre des Affaires étrangères bis dans l’affaire libyenne, a osé déclarer que c’est « en tant que juif », au nom de « (sa) fidélité au sionisme et à Israël » qu’il avait « participé à (l’) aventure politique (en Libye) ! » C’est ce type d’hurluberlu capable de déclarations aussi stupéfiantes qui a déclaré également la guerre au FN depuis trente ans. Un homme indiquait encore Naulleau qui se caractérise par « l’absence totale d’œuvre », qui « essaye tous les ans un costume trop grand pour lui » ( ceux de « Mauriac », « Tocqueveille » « Malraux », …) » ; » un parrain qui fait régner une forme de terreur inquiétante pour la république », « un escroc intellectuel », un menteur « qui s’est fait prendre vingt fois la main dans le sac sans qu’il y ait de conséquences… »
Pour être tout à fait juste parions que BHL n’a pas eu besoin d’appeler Michel Drucker grassement payé sur le service public, pour lui dire de ne pas inviter Marine Le Pen. Ce dernier a pris sa décision tout seul, comme un « grand », celle consistant à exclure à l’avance de son émission dominicale la représentante de millions d’électeurs (et contribuables) nationaux.