L’interview du lundi 31 mars 2025 à 20 heures sur TF1 commence à 9’09. Dans sa première question, Gilles Bouleau fait quasiment passer Marine pour une foldingue.

Bouleau : Pourquoi vous êtes partie comme ça, et qu’est-ce qui vous a traversé l’esprit ?
Marine : Ben parce que j’avais parfaitement compris ce que la présidente expliquait, à savoir qu’elle était en train de rendre une décision, qui était une décision politique. La magistrate a assumé très clairement de mettre en œuvre l’exécution provisoire de l’inéligibilité, c’est-à-dire en réalité de rendre mon appel inutile, sur ce sujet, pour m’empêcher de me présenter, et d’être élue, dit-elle, à l’élection présidentielle. C’est donc une décision politique qui était en train d’être rendue, il ne m’en fallait pas plus, j’avais compris.
Bouleau fait alors l’idiot, alors que n’importe quel idiot devant son poste sait qu’il s’agit d’une décision politique.
Bouleau : Mais en quoi est-elle politique, elle était étayée, y a 152 pages de jugement.
Marine : Non, la présidente dit je vais rendre votre inéligibilité immédiate, contrairement à l’État de droit, parce que en France, lorsque vous faites appel, l’appel est suspensif, l’appel annule en réalité le jugement de première instance, vous remet dans la situation d’être présumé innocent, et l’affaire est rejugée. Ce qu’elle fait là, c’est qu’elle dit je vais vous rendre inéligible tout de suite et je le fais précisément pour vous empêcher d’être élue présidente de la République. Si ça ce n’est pas une décision politique je ne sais pas ce que c’est.
Bouleau : Mais, politique, elle obéit à une consigne, à un ordre, à un climat ? De manière autonome elle a décidé la mort politique de Marine Le Pen ?
Marine : Un certain nombre de magistrats, ils n’ont pas besoin de consignes. Je crois que l’État de droit a été totalement violé par la décision qui a été rendue. D’abord, parce qu’encore une fois, elle empêche un recours effectif, ce qui est un droit et qui est garanti par la convention européenne des droits de l’homme ; deuxièmement, parce qu’elle considère que le fait de se défendre justifie l’exécution provisoire.
Bouleau reprend alors la main par un argument massue : le programme de Marine sur la fermeté des jugements. On sent que le point a été travaillé par la rédaction de TF1.
Bouleau : Mais, Madame, l’inéligibilité immédiate elle est prévue dans les textes, vous-même dans votre programme, deuxième point du programme de l’élection présidentielle, vous dites il faut de la fermeté, il faut des peines plancher, on vous applique à vous ce que vous plaidiez hier !
Marine : Non monsieur, la loi Sapin 2, contrairement à ce que j’ai entendu beaucoup aujourd’hui, ne s’applique pas à cette affaire. La loi Sapin 2, qui entraîne l’application automatique de l’exécution provisoire à l’inéligibilité, a été écartée par la magistrate car cette loi est postérieure aux faits qui nous sont reprochés.
Nous glissons alors sur des points de droit, mais on n’oublie pas le fond politique du MarineGate : tuer une candidature dans l’œuf.
Marine, à l’inverse de Bardella, n’a pas donné assez de gages au pouvoir profond, qui lui reproche peut-être les péchés du père. On appelle ça le prix du sang.
Combien de temps encore, cent ans ?
Les autres « coupables »
L’affaire dite des assistants parlementaires du FN-RN concerne 24 autres élus, que le tribunal a considéré comme coupables de détournement de fonds publics. Il leur est reproché d’avoir touché de l’argent en travaillant pour le RN en France plutôt que pour le Parlement européen, c’est-à-dire les eurodéputés de leur parti. Une tradition qui touche tous les partis, soit dit en passant. Les faits s’étalent de 2004 à 2016 pour une somme totale avoisinant les 4M€.
Marine n’est pas la seule à avoir écopé d’une lourde peine, il y a aussi Louis Aliot, qui a pris 18 mois ferme (sous bracelet) et 3 ans d’inéligibilité, ce qui ne menace pas son statut de maire de Perpignan. Derrière lui, le plus connu est Bruno Gollnisch, 3 ans de prison dont 1 ferme, une amende de 50 000 euros et 5 ans d’inéligibilité. D’autres cadres, moins médiatisés, ont aussi été condamnés à prison, amendes et inéligibilité.
Il s’agit ni plus ni moins d’une frappe du pouvoir dans le navire amiral du paysage politique français.
Jean-Marie Le Pen par Alain Soral
Une émission spéciale d’une heure et quarante minutes présentée par Paul Verbeke avec Alain Soral à l’occasion de la mort du président-fondateur du Front national
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