L’autorisation du mariage pour les homosexuels fonctionne aujourd’hui pour les consciences « de gauche » comme un marqueur notable de « progrès ». S’y opposer, c’est être un dangereux rétrograde, et les forces vives de la République ne manqueront pas de le rappeler, avec toutes les méthodes démocratiques propres à ces pays d’Occident où les lobbies n’existent pas…
Lorsque la discussion restait encore un peu permise sur le sujet, l’un des arguments utilisés pour affirmer que le mariage gay allait dans le « sens de l’histoire » consistait à regarder en direction de l’étranger, en particulier vers des pays plus « avancés » sur la question. Soit ! Poursuivons donc la démarche de comparaison entre États « démocratiques » et regardons du coté d’un pays qui capte toute l’attention de certains de nos hommes politiques : Israël.
Malgré l’existence dynamique d’associations progressistes en Israël et les francs assouplissements législatifs concernant la question homosexuelle intervenus à partir des années 80 [1], la mise en place du mariage entre personnes du même sexe reste structurellement impossible.
Le mariage y est en effet régi par un fonctionnement confessionnel – un héritage d’ailleurs bien antérieur à l’indépendance de l’« État juif ». Les instances cléricales [2] d’un panel de religions juridiquement identifiées (judaïsme, christianisme, islam...) gèrent de manière indépendante les mariages des membres de leur communauté [3]. Ainsi, Le mariage séculier n’existe pas, ce qui proscrit de facto la légalisation du mariage homosexuel tant que le système actuel demeurera. Les couples interconfessionnels ou « athées » sont contraints, pour les mêmes raisons, de célébrer leurs mariages à l’étranger. La solution serait la mise en place d’un droit à l’union laïque parallèle aux règles confessionnelles – une sorte d’équivalent à notre PACS. Une idée qui fait son chemin. Elle fait face cependant à l’opposition franche des organisations juives ultra-orthodoxes, mais aussi à celle des partis politiques réputés plus « modérés » [4].
Ainsi, il semblerait qu’en Israël les principes moraux transcendants tendent à conserver leur prédominance sur l’égalitarisme fanatique, et la norme collective domine toujours le choix individuel. Un constat qu’il serait judicieux d’exposer à nos hommes politiques et autres personnages médiatiques très engagés, à l’instar de Pierre Bergé, qui avait qualifié les opposants au mariage pour tous… d’antisémites !