Interrogé le 4 août 2016 par la télévision belge RTBF, l’ex-juge antiterroriste Marc Trévidic prévient les Français que l’année qui arrive sera « épouvantable ».
On est en droit de se demander quel jeu joue le juge désormais basé à Lille [1] où il officie en tant que vice-président du tribunal de grande instance : si Marc Trévidic n’est plus en charge de l’instruction antiterroriste, quelle est sa légitimité pour s’exprimer sur la question, qui l’y autorise, et pourquoi ?
En effet, ses effets d’annonce sonnent comme une préparation et une habituation de la population aux crimes en cours, qui rentre tout à fait dans le cadre d’une politique dite de consentement.
Marc Trévidic à Paris Match le 30 septembre 2015 :
« Les Français vont devoir s’habituer à la réalité des attentats »
Depuis la tuerie de Charlie Hebdo, Marc Trévidic s’exprime régulièrement dans les médias sur le mode « je vous l’avais bien dit » ou « je vous aurai prévenus », pour distiller une communication qui n’a rien à envier aux coups de massue déplorables assénés par nos dirigeants : que ce soit ceux du Premier ministre tremblant Manuel Valls – « d’autres innocents perdront leur vie » –, du ministre de la Justice inquiétant Jean-Jacques Urvoas – « nos prisons nous annoncent des malheurs »–, sans oublier le sobre mais très annonciateur de montagnes de morts « la France est en guerre », du président de la République François Hollande.
L’exécutif français, représenté par le quatuor Hollande-Valls-Cazeneuve-Urvoas, maintient à coups de déclarations fatalistes le peuple français dans l’angoisse et l’impuissance. Les journalistes honnêtes auront remarqué que la « guerre au terrorisme » prônée par ce même exécutif n’en a que le nom, vu le nombre d’attentats, le nombre de victimes, et la passivité de notre système soi-disant sécuritaire. Sans parler de la « justice », qui relâche les individus potentiellement dangereux à tour de bras.
Dans l’extrait qui va suivre, tiré de l’entretien pour la RTBF, Trévidic parle tranquillement des Français qui franchissent le cap de la radicalisation et du djihadisme, en se basant sur Kermiche, l’assassin du prêtre Hamel :
« J’avais face à moi quelqu’un qui voulait à tout prix partir faire le djihad au sein de l’État Islamique. Il avait j’allais dire presque dans ses yeux la petite lueur qui fait que on détecte qu’il ne reviendra pas en arrière. C’est difficile à apprécier, c’est très subjectif et parfois en face de vous, vous avez l’impression d’avoir un mur. Et là, il y avait ce mur-là. »
« J’ai appris par cette affaire qu’il avait été libéré sous bracelet électronique en mars 2016. Voilà, chacun, chaque juge est libre de ses décisions. Je dis quand même une chose c’est que il faut de nombreuses années pour commencer à pouvoir, grâce à une certaine expérience, repérer quand même ceux qui sont dans la dissimulation des autres. Parce qu’il y a des gens qui m’ont fait froid dans le dos, dans les gens que j’ai pu voir. Une minorité, clairement, mais il y en a cinq ou six... ça m’inquiète beaucoup, Je sais pas quand ils sortiront, j’espère qu’ils sont pas encore sortis, mais vraiment ça m’inquiète. »
Merci pour ce moment... de partage de peur, pour cette fabrique du consentement et la soumission qui en découle, en attendant d’avoir des dirigeants politiques et des juges à la hauteur de l’enjeu – la vie des Français, leur sécurité, leur information. Trévidic clôt l’entretien sur une note d’un optimisme et d’une combativité remarquables :
« Mon espérance à moyen terme, et je pense qu’on y arrivera, c’est l’essoufflement du jihadisme. Mais ça peut durer dix ans avant qu’on commence à respirer. »
Pour information, Marc Trévidic revendique une parole libre : « Je l’ai acquise, cette parole libre. »
Voici le portrait de ce juge pas comme les autres réalisé par BFMTV, à l’occasion de l’entretien donné à la RTBF :